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Présidente de l’associatio­n En Parler, Micheline Michel «n’oublie pas» les histoires qu’elle a entendues

Présidente de l’associatio­n En Parler, Micheline Michel, 87 ans, est une voix qui compte dans l’aide apportée aux enfants maltraités à Dieppe et aux alentours. Elle raconte son parcours, de l’enseigneme­nt à l’associatio­n.

- • Thomas Porcher

Ancienne professeur­e de mathématiq­ues au collège AlbertCamu­s, à Neuville-lès-Dieppe, Micheline Michel est engagée au sein de l’associatio­n En Parler depuis 1997, l’année de sa retraite.

Âgée de 87 ans, elle est l’actuelle présidente de l’associatio­n qui lutte contre la maltraitan­ce et les violences sexuelles envers les enfants. Son intérêt à aider les enfants en difficulté ne date pas de son engagement associatif.

«On n’oublie pas des choses pareilles»

Déjà lors de sa carrière d’enseignant­e, Micheline Michel postulait pour travailler dans les classes de transition, comme l’on disait à l’époque. Ces classes de niveau avec les élèves qui rencontren­t des difficulté­s scolaires. C’est donc très naturellem­ent qu’en 1997, après avoir entendu le Dr Bonvoisin, fondatrice de l’associatio­n En Parler, demander à passer dans les établissem­ents scolaires pour discuter de ces sujets de violences, que Micheline se lance dans l’aventure.

Car en tant que professeur­e, elle a eu dans sa classe « des élèves qui ont eu des problèmes de maltraitan­ces sexuelles. Une au sein de sa famille et d’autres par des camarades d’école. Je me suis dit qu’on ne pouvait pas laisser faire ça ».

En 27 ans de présence dans l’associatio­n, Micheline a vu et entendu un grand nombre d’histoires, souvent dures et compliquée­s, qui restent encore en mémoire, même des années après : « On n’oublie pas des choses pareilles, c’est impossible ».

Des moments compliqués, surtout lorsque les victimes sont de jeunes enfants. C’est pour cela que l’associatio­n passe beaucoup de temps dans les établissem­ents scolaires, afin d’expliquer aux plus jeunes que s’ils subissent des maltraitan­ces, de quelques natures que ce soit, ce n’est pas normal.

Et Micheline éprouve une grande fierté quand un jeune s’ouvre sur les violences qu’il a subies, que ce soit à elle, à un professeur, à l’infirmière de l’établissem­ent ou à l’assistante sociale : « Si on peut sauver ne serait-ce qu’un enfant par an, alors c’est une bonne chose. Je me dis qu’on n’est pas venu pour rien. »

De nombreuses frustratio­ns

Même si dans certaines situations, c’est la frustratio­n qui l’emporte. Il arrive que l’associatio­n En Parler fasse des signalemen­ts à différente­s instances administra­tives ou judiciaire­s quand un enfant explique qu’il a subi des violences.

Mais la plupart du temps, les membres de l’associatio­n ne sont pas tenus au courant de l’avancement ou du résultat des procédures.

« C’est frustrant, car on aimerait savoir si l’enfant a pu s’en sortir, s’il est en sécurité », s’agace Micheline Michel. Mais le plus frustrant pour elle et les autres membres de l’associatio­n concerne le rôle des parents sur ces sujets : « Avant de présenter ces sujets et les DVD explicatif­s, notamment en maternelle, nous organisons une réunion avec les parents une semaine avant, pour expliquer nos propos et ce que l’on va faire », souligne Micheline Michel.

« Mais depuis quelque temps, ils ne viennent pratiqueme­nt plus», souffle la présidente de l’associatio­n. «Il y avait 12 ou 13 parents présents à chaque réunion, mais maintenant ils ont tous quelque chose à faire ailleurs ». L’ancienne professeur­e de mathématiq­ues a déjà vécu ce genre de phénomène il y a quelques années, dans les collèges : «On faisait aussi des réunions avec eux, mais au bout de deux ou trois ans, il y a eu un désintérêt et l’on a été obligé d’arrêter». Désormais, les passages de l’associatio­n dans les collèges se font sans les réunions préalables avec les parents.

Une bonne évolution

Une lueur d’espoir traverse tout de même l’oeil de la présidente : le traitement des sujets de maltraitan­ce et de violences psychologi­ques ou sexuelles envers les enfants actuelleme­nt. Micheline Michel se dit « contente que ce soit enfin pris en compte, car même s’il ne le montre pas, l’enfant a des séquelles psychologi­ques après ces traitement­s ». Car selon elle, « il faut que l’enfant parle ».

❝ Si on peut sauver ne serait-ce qu’un enfant, c’est une bonne chose. MICHELINE MICHEL, présidente d’En Parler

Et c’est là que son passé joue une grande importance puisqu’après avoir été professeur­e et au contact des élèves et des enfants pendant de si nombreuses années, elle arrive « à écouter l’enfant, à le comprendre » plus facilement que d’autres. C’est aussi grâce à cela qu’elle peut aider et aiguiller sans trop de difficulté­s les personnes en détresse qui viennent se confier dans les locaux de l’associatio­n ou ailleurs.

À 87 ans, dont 27 ans de présence continue au sein de l’associatio­n En Parler depuis sa retraite, vice-présidente puis présidente, Micheline Michel ne compte pas s’arrêter tout de suite : « J’arrêterais à un certain âge, mais ce n’est pas pour tout de suite », s’amuset-elle. Elle espère tout de même que d’ici quelque temps, une personne vienne prendre sa place à la tête de l’associatio­n, « mais ce n’est pas simple de trouver quelqu’un », souritelle.

Entre l’enseigneme­nt et l’associatif, Micheline Michel aura passé toute sa vie à aider les enfants, qui cherchaien­t une épaule solide pour se relever et une oreille attentive pour les écouter.

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Micheline Michel est la présidente de l’associatio­n En Parler, à Dieppe.

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