Une association envoie une carte de voeux pour protester contre l’usine de traitement de déchets
Le préfet et les élus du syndicat mixte de traitement et de valorisation des déchets du pays de Caux, ont reçu une carte de voeux qui dénonce avec humour le fiasco écologique et économique du site de Brametot et de sa décharge à ciel ouvert.
Faire de l’humour sur un sujet qui n’a rien de drôle. Étienne Lardans, président de l’association Protection environnementale de la plaine de Brametot et du Dun, l’a fait en envoyant en janvier une jolie carte de voeux au préfet, au sous-préfet et aux élus des communes adhérentes au Smitvad, le syndicat mixte de traitement et de valorisation des déchets du pays de Caux, pour dénoncer une fois de plus combien le site de Brametot et son usine de traitement de déchets « sont un vrai fiasco ».
Un amoncellement d’eau de pluie
Sur cette carte, une photo du casier destiné à l’enfouissement des déchets ultimes où l’eau de pluie s’est amoncelée de manière importante en raison des conditions météo de cet hiver.
«L’association a informé la Dreal, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, et le préfet de ce problème de débordement qui n’est pas réglementaire. Valor’Caux – le service de gestion de déchets – a été contrôlé et condamné à payer une forte amende, signale Étienne Lardans. L’eau s’est tellement amoncelée que ça forme un lac. Si nous avons envoyé cette photo, c’est pour montrer aux élus que malgré les dénégations du gestionnaire du site et du Smitvad, il y a toujours un problème ».
Sur cette même carte, l’association indique : «Nos concitoyens des communautés de communes adhérentes au Smitvad sont ravis de contribuer financièrement à l’élimination des ordures ménagères de la communauté de communes de Falaisesdu-Talou et d’une partie de Dieppe-Maritime ».
Ce message dénonce « une escroquerie organisée » selon l’association, à propos du marché d’appel d’offres ouvert qui a été acté entre Valor’Caux et Dieppe-Maritime sur un traitement des ordures ménagères à 110 € la tonne au lieu des 220 payés par les usagers des communes adhérentes du Smitvad.
L’association a porté plainte sur cette tarification en vigueur : « C’est une vraie escroquerie vis-à-vis des habitants du territoire qui doivent payer au prix fort et supporter les nuisances que le site engendre ». Étienne Lardans rappelle que cela fait quatre ans que l’association dénonce un coût de traitement des ordures ménagères supérieur à partout ailleurs «et on nous rit au nez. On défend les communes et on a l’impression que les élus et notamment Fabrice Dubus, le président du Smitvad, défend Veolia. Notre but, c’est uniquement d’agir dans l’intérêt des habitants, rien d’autre ».
L’équipe rappelle que grâce à l’association, des avancées ont été faites, notamment dans les nuisances olfactives et les envols de plastique. « C’est parce que nous avons maintenu une certaine pression. Nous avons dénoncé des déchargements de plâtre alors que c’est strictement interdit. Un constat a été fait en présence des gendarmes », poursuit Étienne Lardans.
De nouveaux investissements
L’association ne cache pas son inquiétude quant au fiasco économique à venir avec la mise en application de la nouvelle réglementation stipulant l’interdiction d’enfouir les fermentescibles. «Rien n’est à ce jour anticipé, on en a parlé en réunion du Smitvad et on nous a répondu que des dérogations allaient être sollicitées. Le Smitvad a toujours un train de retard, mais cette nouvelle loi va nécessiter d’engager de nouvelles installations qui coûtent cher. Le site n’est pas encore remboursé qu’on nous annonce déjà qu’il va falloir engager de nouveaux travaux, mais c’est une catastrophe et la certitude qu’on va payer encore plus cher nos ordures ménagères », craint le président.
Fabrice Dubus, le président du Smitvad, reconnaît un certain nombre de problèmes, mais il souligne que des efforts ont été faits depuis son élection en 2020 : «Auparavant, les opposants au site n’avaient pas la parole. Moi, j’ai voulu travailler autrement et instaurer un débat constructif qui s’avère impossible. Cela va même jusqu’à des menaces de mort. Pour ce qui est de l’affaire du débordement dans le casier, c’est juste un problème de hauteur réglementaire et non de débordement. Malheureusement, la météo ne nous a pas aidés. »
Fabrice Dubus reconnaît également qu’il y a eu du déchargement de plâtre, mais que c’est aujourd’hui réglé. Il reconnaît aussi que les communes de Falaise-du-Talou et une partie de Dieppe-Maritime payent moins cher le traitement de leurs ordures, mais que la comparaison n’est pas bonne : « Les clients extérieurs n’ont pas à payer l’investissement de l’usine et l’historique », se défend-il.
«C’est usant de dire que je défends Veolia. J’ai pris la présidence de ce syndicat dans l’objectif de travailler de manière concertée avec tout le monde. On sait que les décisions prises en 2008 lors de la construction du site n’étaient pas bonnes, car l’usine est trop petite et ne peut être viable économiquement. Aujourd’hui, il nous faut avancer et agir de manière intelligente et réaliste, car si on ferme le site, on devra toujours près de 16 millions d’euros et payer en plus le traitement des déchets ailleurs ».