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« Manger est une vraie drogue » : de 130 à 70 kilos, le combat d’Allison contre l’obésité

Ancienne obèse, Allison Tufel, habitante de Gonfrevill­e-l’Orcher, est passée par la chirurgie de réduction de l’estomac. Un parcours qui lui a inspiré la rédaction d’un livre, Pomme ou cupcake ? Le récit de mon combat contre l’hyperphagi­e.

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Une photo d’elle, avant l’opération, est toujours accrochée sur son frigo, pour ne pas oublier. Allison Tufel, 43 ans, assistante médico-sociale à la Ligue havraise, a auto-édité un livre, paru en octobre 2023, Pomme ou cupcake ? Le récit de mon combat contre l’hyperphagi­e.

Un ouvrage très proche du journal intime, qui retrace de l’intérieur le parcours de cette habitante de Gonfrevill­e-l’Orcher, près du Havre, avant et après sa chirurgie de réduction d’estomac, avec toutes ses petites victoires : réussir à remettre une jupe crayon, faire du cheval avec ses enfants… « L’ouvrage parle aussi de revalorisa­tion de soi, car quand on est obèse, on a une forte mésestime », appuie son autrice.

❝ Manger devient obsessionn­el, c’est une vraie drogue ALLISON TUFEL

Pour elle, il faut remonter à l’enfance, difficile, des parents aux prises avec leurs propres addictions, un manque maternel. Elle se réfugie alors très tôt dans la nourriture pour combler un vide jamais vraiment rempli.

Mais physiqueme­nt, son poids reste dans la norme, jusqu’à ses deux grossesses, à trois ans d’intervalle. Les régimes aggravent ses crises, qui se terminent souvent dans la douleur. « En plus, je n’étais pas heureuse dans mon couple. Je mangeais en cachette dans ma voiture, je planifiais les moments où je serais seule », se souvient celle qui s’est depuis remariée.

« À un moment, mes compulsion­s sont devenues incontrôla­bles et je n’ai pas réussi à reprendre le dessus », observe-t-elle. Complexée par son corps, en souffrance, elle fait un premier séjour en centre de nutrition en 2015.

« La première fois, ce n’était pas dans l’objectif de faire une sleeve (nom de la chirurgie pour réduire le volume de l’estomac), pour moi ceux qui le faisaient étaient des fainéants. »

Lors de son séjour, on diagnostiq­ue pour la première fois son trouble, l’hyperphagi­e, une maladie dont les « crises » ressemblen­t à celles de la boulimie, si ce n’est qu’il n’y a aucun vomissemen­t ou autre comporteme­nt pour compenser la quantité de nourriture ingurgitée. « Manger devient obsessionn­el, c’est une vraie drogue », indique-t-elle, reprenant les termes employés dans son livre.

À sa sortie du centre, elle parvient à faire un rééquilibr­age alimentair­e, mais une santé mentale fragile et deux burn-out consécutif­s lui font un peu plus lâcher prise malgré ses tentatives pour conserver une hygiène de vie. « J’ai bien vu que je n’y arrivais pas moi-même et passé la barre des 130 kg, le corps devenait douloureux », lâche-t-elle.

❝ L’obésité, ce n’est pas quelque chose de volontaire ALLISON TUFEL

Le déclic a lieu à Noël 2019 : « J’ai voulu me mettre en robe, mais je n’ai jamais pu enfiler mon collant. Ma fille m’a fait une réflexion en me disant que j’aurais pu faire un effort et ma soeur a surenchéri en disant que je prenais moins soin de moi… J’avais honte, l’obésité ce n’est pas quelque chose de volontaire », souffle-t-elle.

Un mois plus tard, elle entame le processus qui la mènera en salle d’opération, non sans s’entourer de personnes opérées rencontrée­s en centre de nutrition. « Eux m’ont convaincu de le faire, car ils vivaient une seconde vie », dit-elle.

L’opération a finalement lieu en septembre 2020. Aujourd’hui, Allison Tufel pèse autour de 73-74 kg : « Il y a eu des moments difficiles à vivre, quand on perd 4 kg en une semaine, on passe son temps à dormir, on perd ses cheveux, on a des carences… Mais je retrouvais une silhouette qui me convenait. »

Elle a retrouvé un poids de forme, qui n’est pas son poids idéal, mais qui lui convient. Elle n’illusionne personne : « La maladie sera toujours là, il faut juste l’apprivoise­r. J’essaye aujourd’hui de trouver des solutions pour me guérir autrement. Le dessin, la marche, la thérapie comporteme­ntale et le livre m’ont aidée, je le relis de temps en temps. »

Allison Tufel a également entamé une formation pour devenir sophrologu­e spécialisé­e dans les troubles alimentair­es afin d’aider les autres. Tout comme, elle l’espère, son ouvrage pourra le faire.

• Marie Lemaistre 76 Actu

■ Pomme ou cupcake, Le récit de mon combat contre l’hyperphagi­e, 105 pages. Renseignem­ents au 07 77 93 01 88.

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Une photo d’elle, avant son opération de réduction de l’estomac, est toujours accrochée sur son frigo, sous-titrée de la mention “ne pas oublier”.

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