Des clés déposées sur la tombe de l’abbé Pierre
Chaque année, le 22 janvier, les clés des constructions réalisées dans l’année sont symboliquement déposées sur la tombe de l’abbé Pierre, à Esteville.
« Toujours présent ! » Ainsi a été baptisée la commémoration qui, chaque 22 janvier, se traduit par une marche symbolique du centre de mémoire vers le cimetière d’Esteville, pour déposer les clés de nouveaux logements sur la tombe de l’abbé Pierre. Ce 22 janvier, la marche a ainsi bien eu lieu, en présence notamment du maire d’Esteville, Manuel Grente.
Soixante-dix ans après, l’appel de l’hiver 1954 de l’abbé Pierre est toujours cruellement d’actualité. Personne n’oublie d’ailleurs l’abbé Pierre, décédé le 22 janvier 2007, à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, parti, comme il le disait lui-même, pour ses « grandes vacances ».
Redire ici que des gens de bien comme l’abbé Pierre, manquent chaque jour à la société semble inutile tant cela est une évidence : mais il faut noter tout de même que pardelà sa disparition, les actions et le combat qu’il a entrepris, pour notamment venir en aide aux mal-logés, voire sans logement, perdurent.
Lundi 22 janvier, comme chaque année, la marche symbolique a donc démarré du centre abbé Pierre Emmaüs, à Esteville, qui a conduit un cortège jusqu’au cimetière du village : c’est là, en effet, que repose l’abbé Pierre avec ceux de ses compagnons qui l’ont accompagné dans sa riche aventure humaine, tels Georges Legay (1903-1966), le premier compagnon d’Emmaüs accueilli en 1949, ou encore Lucie Coutaz (1899-1982), résistante à ses côtés pendant la Seconde Guerre mondiale, qui fut son assistante et la cofondatrice du mouvement Emmaüs.
Le symbole d’une lutte pour les sans-logis
Au terme de cette marche, les clés de plusieurs logements, construits ou rénovés en 2023, à l’intention des plus démunis, ont été déposées sur sa tombe, comme un symbole de cette lutte acharnée qu’il a menée et qui se poursuit aujourd’hui.
Le centre de mémoire d’Esteville rappelle en l’occurrence cette phrase de l’abbé Pierre : « Sur ma tombe, à la place de fleurs et de couronnes, apportez-moi les listes de milliers de familles, de milliers de petits enfants auxquels vous aurez pu donner les clés d’un vrai logement ». C’est ainsi que chaque année, se reproduit cette cérémonie des clés.
330000 sans-abris en France
Le directeur du centre abbé Pierre, Philippe Dupont, souligne que cette commémoration « n’est pas un moment de nostalgie, mais une action de bilan et d’interpellation, d’un mouvement d’Emmaüs toujours en action. Elle permet de rappeler que des dizaines de millions de personnes dans le monde souffrent d’absence de logement ou d’un logement indigne, situation qui touche plus de quatre millions de personnes en France, dont 330 000 sans abris ».
Huit réalisations en France
Lundi 22 janvier, huit réalisations en France et deux à l’étranger ont ainsi été mises à l’honneur au terme de la marche, qui ont été présentées devant la tombe de l’abbé Pierre et de ses compagnons, par les différentes personnes qui ont initié et suivi ces constructions. En 2023, quatre centres d’hébergement d’urgence ont été inaugurés par Emmaüs solidarité, à Paris et Argenteuil : ils permettront d’accueillir 269 personnes. Une pension de famille de 25 places a également été construite par
Emmaüs habitat, à Montfermeil et gérée par Emmaüs solidarité.
Parmi les autres réalisations de l’année écoulée, on note également deux bâtiments de 12 logements pour les compagnes et les compagnons de la communauté Emmaüs du Cher à Saint-Amand-Montrond et une maison destinée à d’anciens compagnons handicapés à Emmaüs Niort-Prahecq.
En Afrique du Sud et en Inde
Enfin, à l’étranger, trois nouvelles places d’accueil ont été aménagées au sein de la communauté Emmaüs Cordis à Orange Farme, en Afrique du Sud, tandis qu’un bâtiment de 33 places a été construit à Killai, en Inde, pour des enfants isolés ou orphelins.