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«Quand ils ont voulu m’arrêter, j’ai paniqué »

- • Véronique Weber

Il parle tout bas, obligeant à plusieurs reprises le président du tribunal à lui demander de parler plus près du micro. Tête basse, visage fermé, le jeune homme de 23 ans semble accablé. Il faut dire que ce lundi 29 janvier, il est jugé dans le cadre d’une comparutio­n immédiate pour huit faits, commis en deux temps.

Les derniers qui ont conduit les forces de l’ordre à l’interpelle­r remontent à la nuit du 26 au 27 janvier. Alors qu’il était alcoolisé, il a refusé d’obtempérer à un contrôle de police. Il a tenté de prendre la fuite, multiplian­t les demi-tours et autres infraction­s au Code de la route, entre Dieppe et Saint-Aubin-sur-Scie.

Déjà sous contrôle judiciaire

Une fois placé en garde à vue, il a refusé à plusieurs reprises de se soumettre au test d’alcoolémie, avant de s’y plier huit heures après son interpella­tion. Il avait alors 0,44 g d’alcool par litre de sang.

Devant les magistrats, il ne nie pas avoir tenté de prendre la fuite. « J’ai pas du tout réfléchi. Je sais que j’ai tort. Quand ils ont voulu m’arrêter, j’ai paniqué », répète-t-il.

S’il a « paniqué », c’est qu’il se trouvait sous contrôle judiciaire après que les gendarmes l’ont interpellé en octobre dernier à Petit-Caux, suite à des faits de violence sur sa mère.

L’entente mère-fils est loin d’être simple. Selon la mère de famille, les tensions sont survenues après le décès de son mari, son fils était alors adolescent. Lui estime que les difficulté­s remontent à plus longtemps : « C’est comme ça depuis que je suis petit. On n’a jamais réussi à dialoguer avec ma mère », glisse-t-il.

En conflit avec sa mère

En revanche, il a gardé des liens avec sa soeur. Il explique que le jour où les gendarmes sont venus le chercher, il s’est débattu et a, sans le vouloir, blessé l’un deux. Il n’a pas compris son placement en garde à vue, car ce jour-là, il estimait que rien de particulie­r ne s’était passé entre lui et sa mère.

Celle-ci a appelé les forces de l’ordre, car elle était inquiète face à l’ivresse de son fils et a dénoncé des faits remontant à la semaine précédente. Elle aurait été bousculée et mordue par le prévenu. À la barre, il nie être l’auteur de cette morsure, mais reconnaît « avoir mal parlé aux gendarmes » et avoir poussé sa mère.

Trop émotif

Aux magistrats, il indique ne pas être entré en contact avec elle depuis les faits, avoir trouvé une solution d’hébergemen­t et travailler. Il enchaîne les contrats et son patron attendait l’issue de l’audience pour lui faire signer le suivant.

La procureure de la République estime qu’il faut « mettre un stop» aux agissement­s du jeune homme, face « à la gravité des faits ». Elle requiert la révocation intégrale du sursis probatoire auquel le prévenu avait été condamné dans une affaire antérieure. Mais également un an de prison dont six mois avec sursis probatoire durant deux ans. Elle demande également trois mois de prison pour le refus d’obtempérer et son maintien en détention.

L’avocate du jeune homme souligne que son client « n’est pas un dangereux criminel ». Elle insiste sur le contexte familial particulie­r alors qu’il n’y a aucun souci avec sa soeur, son employeur ou dans sa vie sociale. Elle pointe un problème de gestion de l’émotion.

Pour elle, il a « des garanties d’insertion ». Et si une peine de prison ferme devait être prononcée, elle demande donc son aménagemen­t avec un bracelet électroniq­ue pour qu’il puisse continuer de travailler.

Sous bracelet électroniq­ue

Elle a été entendue par le tribunal. Le prévenu a été condamné à trois mois de prison pour le refus d’obtempérer, 14 mois de prison, dont dix mois avec sursis probatoire avec obligation de soins.

Son précédent sursis probatoire de cinq mois a été révoqué. Il a interdicti­on de contact avec sa mère et devra indemniser le gendarme qu’il a blessé à hauteur de 500 €. «C’est une ultime chance, ne la gâchez pas », a conclu le président du tribunal.

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