Sylvie Muratti ouvre une colocation pour les personnes de 17 à 77 ans
Une colocation pas comme les autres a ouvert ses portes à Gournay-en-Bray. Si « la coloc » de type auberge espagnole est bien connue des étudiants, le concept de maison partagée où seniors et jeunes se côtoient l’est beaucoup moins. Une idée innovante qui se concrétise dans le pays de Bray.
Le lieu est né de l’initiative de Sylvie Murati et de son mari Didier Jaouen.
Un an de recherche et six mois de travaux
Cela faisait longtemps que cette pensée les taraudait. Mais cela restait abstrait, jusqu’à la lecture du livre Et puis Paulette.
« L’histoire d’un vieux monsieur qui vit seul dans une grande maison. Pour combler sa solitude, il accueille des gens dans sa maison qui devient la maison du bonheur. Là, je me suis dit c’est exactement ça que je vais faire », explique Sylvie Murati.
L’idée étant d’accueillir des seniors autonomes pour un projet de vie partagé avec d’autres générations afin de maintenir un lien social et rompre l’isolement.
Mais, il fallait trouver la maison adéquate. Pour cette perle rare, il a fallu au couple plus d’un an de recherche et six mois de travaux dix heures par jour. C’est au 15 avenue du Général Leclerc que se situe la « coloc ».
Il était impératif pour les porteurs du projet que l’emplacement soit en centre-ville, « pour que les personnes n’aient pas à prendre la voiture. Qu’ils puissent accéder facilement au centre culturel, au cinéma et aux commerces. Et qu’ils soient à proximité de l’arrêt de bus pour aller à Rouen, Beauvais ou Gisors», contextualise Sylvie Murati.
Chacun son intimité
La colocation se compose d’une cuisine commune, d’un salon télé et d’un salon ainsi que d’une salle de bains commune.
Chacun des colocataires a sa chambre. Au total, il y en a trois, dont une chambre d’hôte aussi bien pour seniors que pour des jeunes et/ou des touristes, « afin de permettre les rencontres et l’ouverture à l’autre ».
Chacune des pièces est aménagée avec goût et porte un nom et un thème bien définis. On passe du salon avec piano nommé Océane, au boudoir plus intimiste dénommé Rosa Parks ou Simone Veil avant de passer à l’Olympe.
La décoration a été faite grâce à de la récupération dans l’esprit du home staging – la mise en scène d’un intérieur –.
La plus-value de la colocation de Gournay par rapport à une simple colocation réside aussi dans les activités de bien-être qui sont proposées. « Je voulais que les personnes en colocation soient chez elles, mais qu’elles puissent rencontrer d’autres personnes et créer du lien social, profiter d’activités qu’elles n’auraient pas eu l’idée d’essayer, note Sylvie Murrati. Je veux les inciter à sortir à aller au théâtre, à l’opéra. Souvent ils n’osent pas. Pourtant, les scènes ouvertes sont accessibles à tous. Et s’il le faut, je les conduirais ».
Bien vivre ensemble et découverte
Ainsi, tous les mois, des animations ouvertes à tous (colocataires ou non) sont proposées par Sylvie Murati comme des café jeux, café parentalité, ou encore café massage.
« Le but est que toutes les générations se retrouvent et qu’il y ait de l’émulation. Chacun donne la somme qu’il veut dans un petit panier et joue, papote ou dessine. Chacune à leur tour, les personnes se font masser pendant 30 minutes. »
D’autres ateliers sont à venir comme un «café tendresse» et un «café parents» pour les parents d’enfants handicapés.
Des activités, là aussi ouvertes à tous, ont été rendues possibles grâce à l’association créée par la propriétaire afin d’y développer des projets « toujours dans le but du vivre ensemble et d’aller vers l’autre ».
Dans une aile de la maison, des professionnels du bien-être viennent régulièrement proposer des ateliers. Chacun a son espace et se rencontre. «Il y a un réflexologue, une naturopathe, spécialiste énergétique chinoise, auxiliaire de puériculture pour l’aide à la parentalité. Et une psychologue qui vient une fois par mois », détaille Sylvie Murati.
Les personnes en colocation seront aux premières loges pour y participer.