Le Réveil Normand (Eure / Eure-et-Loir)
Les troupes de théâtre se disent offusquées de ne pas toutes jouer à Risle en scène
Le festival L’Aigle en scène ne se déroulera pas totalement au complexe culturel Risle en scène. Des troupes de théâtre amateurs n’acceptent pas que certaines soient reléguées dans une salle annexe.
❝ Nous jouons pour notre plaisir, on prend plaisir à composer, à faire rire, on partage de supers moments… Pourquoi nous parler de sélections, d’argent alors qu’au contraire, le théâtre nous permet de nous mettre dans notre bulle pour oublier ces mots qui entraînent tant de maux. JOSETTE SÉBERT
❝ L’an dernier, des troupes nous ont dit que la salle Michaux c’est trop grand et qu’elles veulent retourner aux Tanneurs. Cela peut parfaitement se comprendre et cela n’enlève rien à la qualité de leur prestation. Ce que nous ne voulons pas, c’est mettre les comédiens en difficulté. GRÉGORY BARCO
Al’aube du festival du théâtre amateur L’Aigle en scène, organisé début juin par la Ville de L’Aigle, plusieurs troupes du territoire ont décidé de faire l’impasse pour cette année, « le festival ne correspondant plus à l’état d’esprit dans lequel il a été créé ».
Scène ouverte aux compagnies locales depuis 2011, le festival a vu, pour cette nouvelle édition, son règlement changer en mettant en place des pré-sélections selon les dires des troupes contactées. Mi-décembre, les troupes ont reçu, par mail, un dossier de candidature pour L’Aigle en scène 2024 à retourner avant fin février, « afin de passer les auditions pour savoir quelles troupes auraient le droit de se produire dans la nouvelle salle Risle en scène ».
« Cela dénature le projet de départ »
Ce choix fait par la Ville de L’Aigle déplaît fortement aux troupes qui y voient une façon de dire au public que « cette troupe est meilleure que celle-là, cette pièce est mieux que les autres… elle a donc le droit d’aller dans un beau lieu. C’est mettre une échelle de valeurs aux yeux du public » déplore Cécile Haddad.
« Ils ont complètement transformé l’état d’esprit du festival, c’est leur droit d’avoir une autre opinion, mais cela dénature le projet de départ et ça me chagrine, car c’était sympa », poursuit la responsable de la compagnie théâtrale du Merle Raoul.
« Nous pensons que les différentes troupes n’ont pas à subir les conséquences de la politique tarifaire du complexe Risle en Scène. Pourquoi avoir fait un complexe si onéreux si les associations locales ne peuvent pas en profiter pleinement » ajoute Sylvie Landon, vice-présidente de la troupe de théâtre de Gauville rejointe par Josette Sébert.
A la création du festival, « le but était de faire se rencontrer les troupes, les comédiens du territoire dans un esprit de convivialité, de leur offrir des conditions techniques professionnelles qu’ils n’ont pas forcément », mais dans cette configuration, « cela change tout ».
Pour Sylvie et la troupe gauvilloise, « ce nouveau système ressemble davantage à une compétition ». En effet, « nous ne sommes que des amateurs et vous souhaitez nous juger comme des professionnels. Où se trouve la convivialité et le plaisir de nous retrouver tous ensemble comme par le passé ? ».
« Dans ces conditions, comment promouvoir la culture pour tous à L’Aigle, promotion que vous défendez à cor et à cri ! » concluent les troupes qui, à contrecoeur, ne participeront donc pas à l’édition 2024 de L’Aigle en Scène.
« Pourvoir affronter une salle de 400 places »
Directeur de la culture à L’Aigle, Grégory Barco admet qu’il y a eu des maladresses de communication sur ce sujet, et pas mal d’incompréhension. Il explique dans un premier temps « qu’il n’est pas possible pour la Ville de L’Aigle d’occuper Risle en scène durant une semaine complète. Nous avons retenu seulement deux journées ».
Il faut donc s’adapter et trouver des solutions afin que le festival L’Aigle en scène puisse se tenir dans les meilleures conditions possibles. « Il n’est pas question pour nous d’être la Nouvelle Star du théâtre amateur ou d’organiser des auditions. Nous avons actuellement six troupes candidates auxquelles nous disons que le choix d’aller à Risle en scène ou pas ne se fera pas sur des éléments comme la qualité du texte. Il s’agit plutôt de retenir les troupes qui disposent de la maturité nécessaire pour affronter une salle de 400 places ».
Selon le comédien, metteur en scène et directeur de compagnie, se produire sur une petite scène de salle des fêtes et sur celle de Risle en scène, ce n’est pas tout à fait la même chose.
Mi-avril, l’organisation du festival va rencontrer les troupes candidates, « mais ça ne sera pas une audition ». Il s’agira plutôt de discuter et de présenter l’environnement de cette édition dont la salle de Risle en scène ne sera peut-être pas la seule nouveauté. « Nous avons été contactés par la Fédération nationale des compagnies de théâtre amateur et cela peut donner davantage de visibilité aux troupes, voire la possibilité de participer au Masque d’or ». Il s’agit de la plus haute distinction française attribuée au meilleur spectacle de théâtre amateur. C’est un concours national étalé sur plus d’un an et sur toute la France.