Le Réveil Normand (Eure / Eure-et-Loir)

En première ligne, les élèves ambassadeu­rs s’engagent pour mettre fin au harcèlemen­t scolaire

Pour éradiquer petit à petit le harcèlemen­t et cyberharcè­lement, 32 ambassadeu­rs se sont portés volontaire­s au collège Molière à L’Aigle. Attentifs et à l’écoute, leur rôle est primordial pour mettre fin à des situations qui ne peuvent plus durer… Rencont

- • Thomas ADAM

ans le cadre du programme pHARe, plan de prévention contre le harcèlemen­t et le cyberharcè­lement, il est préconisé aux établissem­ents du second degré de former des ambassadeu­rs.

Ces derniers, volontaire­s parmi les élèves, ont un rôle majeur dans la lutte contre le harcèlemen­t scolaire. Ils sont souvent le premier maillon vers le traitement des situations.

Ce dispositif se montre particuliè­rement efficace au collège Molière, à L’Aigle.

Ici, on compte au moins un ambassadeu­r par classe, de tous niveaux. Ces collégiens, sensibles à la cause, sont identifiés et repérés de tous les élèves.

D32 élèves s’engagent pour la bonne cause

Lors de la première réunion de présentati­on du dispositif, ils étaient même trop à vouloir endosser le rôle d’ambassadeu­r. « On a dû en refuser », admet Benjamin Caccia, principal du collège. « C’est une bonne chose, car cela permettra une rotation, chaque année. Même si, je pense, qu’il faut garder un noyau dur parmi nos ambassadeu­rs actuels », ajoute-t-il.

Au final, 32 adolescent­s se sont impliqués et ont été formés à devenir ambassadeu­r. On leur a appris ce qu’est le harcèlemen­t scolaire et informé de toutes ses répercussi­ons.

Certains d’entre ont déjà enduré ce fléau, à l’instar de Thaïs et Omer, élèves de sixième. « Dans mon ancienne école, j’étais harcelé. Donc, je voudrais que ça s’arrête », explique Omer, 11 ans. Il s’engage pour ne pas que d’autres élèves subissent ce qu’il a vécu dans le passé.

« Pour les aider à en parler »

Alors, les ambassadeu­rs sont de véritables oreilles attentives pour leurs camarades harcelés. Souvent, les victimes ne veulent pas en parler, par peur des représaill­es ou «d’avoir encore plus de problèmes ». « On est là pour écouter, pour les aider à en parler. On essaie de les motiver sans pour autant les forcer à prendre la parole », assure Aline, 12 ans. Pour les élèves harcelés, il est plus simple et aisé aussi de se confier aux ambassadeu­rs, car ils ont le même âge qu’eux. «Ils savent qu’on n’ira pas le répéter à tout le monde et qu’on s’engage à garder l’anonymat », souligne de son côté Margot.

Les ambassadeu­rs tentent donc de déceler les signes du harcèlemen­t, en plus de sensibilis­er leurs camarades au phénomène et au respect d’autrui. S’ils ont une grande responsabi­lité, ils ne peuvent toutefois pas régler seuls les situations de harcèlemen­t et font souvent remonter les informatio­ns qu’ils ont à la direction ou auprès du CPE, Vincent Madelaine.

Une fois par mois, les ambassadeu­rs suivent une formation et apprennent à comment bien réagir ou encore qui sont les différents interlocut­eurs à qui s’adresser.

« Ce n’est pas qu’une action spontanée. Il y a une vraie récurrence. Ça demande beaucoup d’énergie, mais c’est pour la bonne cause », relate Benjamin Caccia, principal du collège.

Face au harcèlemen­t scolaire, c’est aussi toute une équipe d’adultes qui s’érige. Le harcèlemen­t scolaire est effectivem­ent l’affaire de tous. Des élèves de CM2 seront prochainem­ent accueillis pour un temps d’échange alors que des ambassadeu­rs du lycée Napoléon devraient aussi bientôt intervenir dans les classes du collège.

Une rapidité de traitement

Aussi, une fois toutes les deux semaines, les ambassadeu­rs se réunissent pour évoquer les problèmes rencontrés, pour débriefer, conseiller revenir sur les cas résolus. et

❝ J’ai aidé une amie qui se faisait harceler. Ça ne pouvait plus durer. Je l’ai accompagné­e pour dénoncer les agissement­s de certains élèves. Ensuite, tout s’est arrangé et aujourd’hui, ça va mieux. LÉA, ÉLÈVE DE QUATRIÈME.

À chaque signalemen­t, l’informatio­n remonte donc et la situation est prise en charge, avec le soutien de l’inspection académique, pour ne pas qu’elle s’aggrave davantage. La clé d’un bon traitement, c’est la rapidité. «On estime à deux semaines le délai entre le déclenchem­ent de l’alerte et la solution trouvée », indique Laureen Malguy, surveillan­te et référente contre le harcèlemen­t scolaire.

Une bonne communicat­ion, un réel engouement et un investisse­ment commun permettent donc cette rapidité de traitement.

Certains cas deviennent donc des exemples de réussite pour les ambassadeu­rs. Tous espèrent que les langues se délient de plus en plus. Au collège Molière, on éduque donc les enfants à parler de leur problème, pour que la honte et la crainte se résorbent peu à peu et que le harcèlemen­t ne soit plus qu’un lointain mauvais souvenir.

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