Le Réveil Normand (Eure / Eure-et-Loir)
En première ligne, les élèves ambassadeurs s’engagent pour mettre fin au harcèlement scolaire
Pour éradiquer petit à petit le harcèlement et cyberharcèlement, 32 ambassadeurs se sont portés volontaires au collège Molière à L’Aigle. Attentifs et à l’écoute, leur rôle est primordial pour mettre fin à des situations qui ne peuvent plus durer… Rencont
ans le cadre du programme pHARe, plan de prévention contre le harcèlement et le cyberharcèlement, il est préconisé aux établissements du second degré de former des ambassadeurs.
Ces derniers, volontaires parmi les élèves, ont un rôle majeur dans la lutte contre le harcèlement scolaire. Ils sont souvent le premier maillon vers le traitement des situations.
Ce dispositif se montre particulièrement efficace au collège Molière, à L’Aigle.
Ici, on compte au moins un ambassadeur par classe, de tous niveaux. Ces collégiens, sensibles à la cause, sont identifiés et repérés de tous les élèves.
D32 élèves s’engagent pour la bonne cause
Lors de la première réunion de présentation du dispositif, ils étaient même trop à vouloir endosser le rôle d’ambassadeur. « On a dû en refuser », admet Benjamin Caccia, principal du collège. « C’est une bonne chose, car cela permettra une rotation, chaque année. Même si, je pense, qu’il faut garder un noyau dur parmi nos ambassadeurs actuels », ajoute-t-il.
Au final, 32 adolescents se sont impliqués et ont été formés à devenir ambassadeur. On leur a appris ce qu’est le harcèlement scolaire et informé de toutes ses répercussions.
Certains d’entre ont déjà enduré ce fléau, à l’instar de Thaïs et Omer, élèves de sixième. « Dans mon ancienne école, j’étais harcelé. Donc, je voudrais que ça s’arrête », explique Omer, 11 ans. Il s’engage pour ne pas que d’autres élèves subissent ce qu’il a vécu dans le passé.
« Pour les aider à en parler »
Alors, les ambassadeurs sont de véritables oreilles attentives pour leurs camarades harcelés. Souvent, les victimes ne veulent pas en parler, par peur des représailles ou «d’avoir encore plus de problèmes ». « On est là pour écouter, pour les aider à en parler. On essaie de les motiver sans pour autant les forcer à prendre la parole », assure Aline, 12 ans. Pour les élèves harcelés, il est plus simple et aisé aussi de se confier aux ambassadeurs, car ils ont le même âge qu’eux. «Ils savent qu’on n’ira pas le répéter à tout le monde et qu’on s’engage à garder l’anonymat », souligne de son côté Margot.
Les ambassadeurs tentent donc de déceler les signes du harcèlement, en plus de sensibiliser leurs camarades au phénomène et au respect d’autrui. S’ils ont une grande responsabilité, ils ne peuvent toutefois pas régler seuls les situations de harcèlement et font souvent remonter les informations qu’ils ont à la direction ou auprès du CPE, Vincent Madelaine.
Une fois par mois, les ambassadeurs suivent une formation et apprennent à comment bien réagir ou encore qui sont les différents interlocuteurs à qui s’adresser.
« Ce n’est pas qu’une action spontanée. Il y a une vraie récurrence. Ça demande beaucoup d’énergie, mais c’est pour la bonne cause », relate Benjamin Caccia, principal du collège.
Face au harcèlement scolaire, c’est aussi toute une équipe d’adultes qui s’érige. Le harcèlement scolaire est effectivement l’affaire de tous. Des élèves de CM2 seront prochainement accueillis pour un temps d’échange alors que des ambassadeurs du lycée Napoléon devraient aussi bientôt intervenir dans les classes du collège.
Une rapidité de traitement
Aussi, une fois toutes les deux semaines, les ambassadeurs se réunissent pour évoquer les problèmes rencontrés, pour débriefer, conseiller revenir sur les cas résolus. et
❝ J’ai aidé une amie qui se faisait harceler. Ça ne pouvait plus durer. Je l’ai accompagnée pour dénoncer les agissements de certains élèves. Ensuite, tout s’est arrangé et aujourd’hui, ça va mieux. LÉA, ÉLÈVE DE QUATRIÈME.
À chaque signalement, l’information remonte donc et la situation est prise en charge, avec le soutien de l’inspection académique, pour ne pas qu’elle s’aggrave davantage. La clé d’un bon traitement, c’est la rapidité. «On estime à deux semaines le délai entre le déclenchement de l’alerte et la solution trouvée », indique Laureen Malguy, surveillante et référente contre le harcèlement scolaire.
Une bonne communication, un réel engouement et un investissement commun permettent donc cette rapidité de traitement.
Certains cas deviennent donc des exemples de réussite pour les ambassadeurs. Tous espèrent que les langues se délient de plus en plus. Au collège Molière, on éduque donc les enfants à parler de leur problème, pour que la honte et la crainte se résorbent peu à peu et que le harcèlement ne soit plus qu’un lointain mauvais souvenir.