Nantenin Keita, puissance 4
À 39 ans, Nantenin Keita est une symphonie d’excellence : quadruple médaillée olympique sous le maillot français, dont une médaille d’or en athlétisme sur le 400 mètres T13* à Rio en 2016. Première relayeuse de la flamme olympique sur le sol français, la multichampionne du monde portera le drapeau bleu-blanc-rouge lors de la cérémonie d’ouverture avec Alexis Hanquinquant. Une étoile dans la nuit parisienne, avec sa peau diaphane et son regard lumineux. « Un amour plein d’humilité », ajoute-t-on chez Malakoff Médéric Humanis, où elle déploie ses talents dans les RH.
La fille du célèbre musicien Salif Keita, native de Bamako au Mali et arrivée toute petite en France, est atteinte comme son père d’albinisme. Elle souffre d’une déficience visuelle (entre 0,7 et
0,8 dixième), avec des difficultés à percevoir les couleurs et des distances. « C’est comme une grosse myopie, je ne vois que de très, très près. Sur le terrain, je fonctionne beaucoup à l’instinct. En milieu de course, je me repère grâce au contraste des couleurs. » Si sa vision est voilée, la musique est son talisman. « J’écoute de tout, rap, pop, variété française, sauf la techno et le hard rock. La musique guide mon état d’esprit. Si je veux échapper à une émotion, je change de mélodie. La dernière musique que j’écoute avant de poser mon casque est toujours une chanson de mon père. » À Paris, pour ses cinquièmes paralympiades,
la championne aspire à briller encore sur les pistes (meilleur temps sur 400 mètres T13 en 55’’65), mais aussi à faire progresser l’inclusion des personnes en situation de handicap. « Je veux quitter les Jeux de Paris sans aucun regret, explique Keita, qui, à travers une association fondée avec son père, défend les droits des albinos. Il s’agit de saisir cette opportunité pour qu’elle devienne un élan durable et non une simple étincelle. »
T13 : T pour les coureurs et les sauteurs (T comme track, qui veut dire « piste »). Le nombre 1 indique la catégorie d’athlète, en l’occurrence déficient visuel, et le 3, le degré d’atteinte. Plus celui-ci est bas, plus l’impact du handicap sur la performance est important.