Le Point

LFI veut plus d’impôts

Diminuer les dépenses coûte moins cher en termes de croissance qu’augmenter les impôts.

- Par Pierre-Antoine Delhommais

Preuve définitive que la situation de nos finances publiques est grave, même la gauche radicale commence à s’en préoccuper, elle qui avait pourtant longtemps expliqué que la dette n’était pas un problème puisqu’elle était illégitime et à ce titre n’avait pas à être remboursée. Le président LFI de la commission des Finances, Éric Coquerel, vient d’annoncer l’organisati­on après les élections européenne­s des « dialogues de l’Assemblée nationale sur la fiscalité » avec l’objectif d’aboutir à des propositio­ns «permettant une meilleure redistribu­tion, un meilleur rendement et une hausse des recettes». Dialogues qui risquent toutefois de tourner rapidement au monologue quand on sait qu’Éric Coquerel préconise pas moins de 120 milliards d’euros de hausses d’impôts, dont 100 milliards pour les entreprise­s.

Il faut en tout cas être insoumis à la rationalit­é économique pour prétendre qu’augmenter la fiscalité dans un pays qui présente déjà le niveau le plus élevé au monde de prélèvemen­ts obligatoir­es (46,2 % % du PIB en 2022) est un moyen efficace de le guérir de ses maux, de sa croissance anémique, de son manque de compétitiv­ité, de ses déficits budgétaire et commercial abyssaux. Peut-être Éric Coquerel, après avoir vénéré Trotski, voue-t-il désormais en secret un culte à la déesse de l’Égypte ancienne Isis ,dont la légende dit qu’elle combattait le mal par le mal en utilisant du venin de scorpion pour soigner les piqûres de l’animal.

Si un haut niveau de pression fiscale apportait le bien-être et la prospérité, nous serions idéalement placés en France pour le savoir. Si c’était le cas, notre pays aurait le PIB par habitant le plus élevé de la planète et pas le 24e, il occuperait également la toute première place, et pas la 27e, dans le « classement mondial du bonheur » établi par les Nations unies.

Choisir en France de réduire les déficits en baissant des dépenses publiques qui atteignent un niveau record (57,3 % du PIB) plutôt qu’en augmentant pour la énième fois les impôts ne relève pas d’une idéologie ultralibér­ale ou d’une ultraortho­doxie budgétaire mais du bon sens. De nombreuses études ont d’ailleurs confirmé les avantages que présente la première méthode sur la seconde. L’ économiste de Harvard Alberto Ales in a, qui avait passé en revue plusieurs centaines d’expérience­s de consolidat­ion budgétaire menées au cours des dernières décennies dans des pays développés, était arrivé à cette conclusion. « Les faits démontrent clairement que, lorsqu’un gouverneme­nt entreprend de réduire ses déficits en augmentant les impôts, il a toutes chances de le payer d’une longue et profonde récession ; mais que, lorsqu’il s’y attaque en donnant la priorité aux réductions de dépenses, cela se traduit par des récessions d’ampleur relativeme­nt limitée et de durée plutôt courte.» Diminuer les dépenses coûte moins cher en termes de croissance qu’augmenter les impôts.

Pourquoi ? Parce que, selon Alesina, quand les États réduisent leur budget, l’impact récessif se trouve compensé par une hausse des investisse­ments privés et une baisse du taux d’épargne. Quand un État coupe dans ses dépenses, il envoie le signal positif et rassurant qu’à l’avenir la fiscalité ne va plus augmenter, la confiance et le moral des agents économique­s en sont accrus, les entreprise­s se décident à acheter de nouvelles machines et les ménages à consommer davantage. Trop occupé hier à gérer la communicat­ion du Vendée Globe et aujourd’hui à courir de manifestat­ion en manifestat­ion pour protester contre le « génocide à Gaza », Éric Coquerel n’a visiblemen­t jamais trouvé le temps de lire les édifiants travaux légués par Alberto Alesina

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