Biotechs : le vent a tourné
Le Point:
Après trois ans de sous-performance, d’où vient l’actuel retour en grâce?
Eugenio Martin-Fougeroux (Pictet AM): En dépit de ces mauvaises années, le secteur surperforme sur le long terme : + 425 % depuis 2006 contre 291 % pour le MSCI World. Depuis novembre, le secteur rattrape son retard et cela devrait continuer, pour au moins quatre raisons. La première est le nombre (22) et le montant record (122 milliards de dollars) d’opérations de fusion-acquisitions réalisées l’an dernier, un mouvement qui va s’accélérer : les grands groupes pharmaceutiques, confrontés à une perte très sensible des revenus « protégés », ont d’importantes réserves financières (plus de 200 milliards de dollars). La deuxième raison est l’augmentation des découvertes cliniques : 55 nouveaux médicaments ont été approuvés, dont 7 dans la thérapie génique. La troisième est la normalisation du climat macroéconomique avec la fin du cycle de hausse des taux. Enfin, les valorisations des sociétés de biotech de petite et moyenne capitalisation sont au-dessous de leurs moyennes historiques – à 8 fois les revenus estimés pour 2024 – et donc attrayantes.
Les élections américaines avec la menace d’un contrôle du prix des médicaments pèserontelles sur les cours?
La santé n’est plus, comme dans le passé, une préoccupation majeure des électeurs américains. Elle vient loin derrière le pouvoir d’achat, l’immigration… Les autorités ont par ailleurs éclairci leur politique à l’égard des prix. Elles ont déterminé la liste des médicaments dont les prix devraient être négociés à la baisse en 2026. Celle-ci concerne surtout des blockbusters appartenant à de grands groupes et pas, ou peu, les biotechs.
Quels titres retenir ?
Des sociétés qui ont une certaine maturité (médicament en phase 2 ou 3), même si elles ne sont pas encore rentables. Le regain d’intérêt pour le secteur leur permet de lever plus facilement des fonds. Nous nous intéressons par exemple à Rhythm (traitement de l’obésité), Rocket Pharmaceuticals (maladies géniques des enfants), Sarepta Therapeutics ou Vertex Pharmaceuticals (maladies génétiques)