Le Pays d'Auge (Édition Littoral)

Simone Picciotto expose à la Marbrerie : «Peindre, c’est exprimer ses doutes, ses peurs, ses rêveries»

L’artiste Simone Picciotto expose à la Marbrerie du 15 mai au 9 juin, à Trouville-sur-Mer. Admirative de l’oeuvre de Fernand Léger, sa peinture raconte des histoires étranges qui nous emportent dans un monde fabuleux.

- SIMONE PICCIOTTO, artiste ➜ Tout ce que l’on a connu…comme Qu’allez-vous montrer ?

➜ Aujourd’hui vous résidez à Paris, mais votre nom a une consonance italienne…

Oui. Je suis d’origine italienne. Mais en fait, je suis née en Égypte, au Caire, en 1930. J’ai passé mon enfance en Italie et en Belgique. J’ai d’ailleurs fait les Beaux-Arts de Bruxelles. Mais, vous savez, on n’y apprenait rien du tout…

➜ Vous avez quand même obtenu un premier prix de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Comment vous est venue l’envie de peindre ?

Je ne sais pas. J’ai toujours gribouillé. J’ai toujours aimé dessiner. Même à l’école, toute petite, je dessinais tout le temps. D’ailleurs une de mes camarades de classe de l’époque m’a dit un jour : « Toi, dessiner, c’est ton futur destin ». Elle n’avait pas tort… (rires)

Après Bruxelles, je me suis installée à Paris où je fréquentai­s les musées et l’atelier de croquis de la Grande Chaumière. Et puis, un jour, j’ai croisé Fernand Léger sur le boulevard Clichy, l’une des grandes figures de l’art moderne. Cette rencontre a été essentiell­e, je crois. J’ai ensuite suivi les cours aux ateliers de Fernand Leger et de Jean Deyrolle. C’était formidable.

➜ Mis à part Fernand Léger, avez-vous eu d’autres maîtres ?

Non, pas vraiment. Je peux aimer des choses très différente­s. J’aime quand ça me plaît ; quand ça me touche. Tout simplement. Dans mon parcours, tout s’est fait petit à petit, naturellem­ent…

Son atelier, sa deuxième maison

➜ Aujourd’hui, vous avez un atelier rue Dauphine. Vous avez toujours travaillé ici ?

Non. Au départ, je travaillai­s dans mon studio. Je faisais surtout des dessins et ensuite je me suis mise progressiv­ement à peindre. J’ai commencé à peindre à l’huile ; je m’asphyxiais avec les émanations de térébenthi­nes. Mais c’était embêtant l’huile. Il faut attendre que ça sèche… Alors j’ai utilisé l’acrylique et en plus des pinceaux.

Maintenant j’aime peindre à la bombe aussi. Depuis 40 ans maintenant, mon atelier est installé rue Dauphine; c’est un peu ma deuxième maison.

➜ Vous intégrez aussi divers matériaux dans vos oeuvres…

Oui, j’aime assembler les matériaux différents et souvent usagés ; mélanger les textures. Lorsque je me balade, je ramasse des tas de choses ; plein de trucs de bric et de broc que je mets sur mes supports. Je peins aussi bien sur des toiles que sur des planches de bois. J’aime bien les grands formats.

Là, je vais peindre sur une grande toile. J’ai envie de « jaune de Naples ». Je vais l’employer pour faire le fond.

➜ Ça veut dire que quand vous vous mettez à travailler, vous avez une idée précise de ce que vous allez peindre ou dessiner ?

Ah non, pas du tout. Je ne me pose jamais de questions. C’est trop fatigant. Ça vient comme ça, paf !

Pour moi, peindre est un langage. C’est exprimer ses doutes, ses peurs, ses rêveries. C’est exprimer tout ce que l’on sait et tout ce que l’on a connu, et essayer d’aller vers l’inconnu.

Trouville, par exemple. Vous avez fait de nombreux dessins sur Trouville.

Oui, j’ai beaucoup dessiné Trouville. J’y suis venue souvent ; je résidais aux Roches Noires.

J’aime l’ambiance, le monde, les restaurant­s, la vie… Et puis surtout j’aime la mer et là c’est la mer près de Paris. Du coup, je suis très contente d’exposer à la Marbrerie.

Je vais exposer des «toiles matières», des céramiques et des dessins.

Je sais aussi que, le samedi 25 mai, un film documentai­re réalisé par François Catonné sera projeté en guise de vernissage : Le réel et l’improbable. C’est un documentar­iste formidable qui a fait de nombreux films sur différents peintres. J’aime beaucoup le film qu’il a fait après avoir passé onze jours avec moi dans mon atelier. Il est vraiment génial ce film ; il a d’ailleurs été ovationné cette année à Angoulême lors du festival MIFAC (Marché Internatio­nal du Film sur les Artistes Contempora­ins). Je crois qu’il donne la pêche et le moral.

➜ On peut donc découvrir une partie de votre travail à la Marbrerie. Mais vous avez fait des exposition­s un peu partout.

C’est vrai. J’ai exposé à Paris, beaucoup… mais aussi à Lyon, Tours, Metz, Saint-Paul-de-Vence, Grenoble, Perpignan, Poitiers et plein d’autres endroits encore. J’ai aussi exposé à l’étranger : en Chine, au Danemark, en Allemagne, en Belgique, en Turquie ou aux États-Unis.

➜ Pour finir, pouvez-vous lire ce qui figure au début du livre, rétrospect­ive que vous a consacrée Gérard Ségard. Ce sont vos propos.

D’un rectangle blanc, avec les mains et des couleurs, bâtit dans l’espace et hors du temps, du « VRAI » qui respire et bouge, et raconte sans mots le réel et l’improbable. J’aime dessiner les nuages, les chiens, les chats, les gens en mouvements…et le lointain.

■ Exposition du 15 mai 9 juin à la MarbRErie, au 119, rue du général de Gaulle à Trouvilles­ur-Mer. Ouverte tous les jours (sauf le lundi) de 15 h à 19 h, le mercredi et dimanche matin de 9 h à 13 h.

Newspapers in French

Newspapers from France