Le Pays d'Auge (Édition Littoral)
Le Viking de l’intercommunalité est aussi et avant tout incollable sur les plantes
L’agent intercommunal a montré ses qualités de pédagogue en créant le Jardin des marins à la Mora. Pierre Chatel sera aussi au salon Passionnément jardin où il partagera ses astuces pour retrouver les animaux.
Au bout de son bouc, une perle de barbe viking en métal, bijou emblématique de ce peuple nordique, accessoirise le style sobre de Pierre Chatel.
Le chargé de mission des milieux naturels à la communauté de communes du pays de Honfleur-Beuzeville animera un atelier pédagogique sur les empreintes des animaux, lors du salon Passionnément jardin qui se déroule ce week-end au jardin public de Honfleur (lire encadré).
À la Mora, l’agent intercommunal s’est investi bénévolement pour créer ce qu’il a appelé le Jardin des marins, un jardin ethnobotanical. Ce passionné de plantes, de champignons et de culture viking a réussi à faire cohabiter ces trois hobbits, sans mal. Quelle relation il y a-t-il entre les plantes et la construction des bateaux ou la santé des marins ?
Une trentaine de plantes
À se balader au milieu des plantes, on y voit tout de suite plus clair. Sur les écriteaux et autres panneaux pédagogiques sont précisés les usages.
Au pied d’une pousse de frêne, on découvre ainsi que cet arbre « représente l’arbre sacré dans la mythologie nordique », et qu’il est l’un des « fils d’Yggdrasil » qui « réunit les neuf royaumes » du cosmos.
Le plantain lancéolé était quant à lui utilisé « pour désinfecter les coupures » comme « les outils du chantier — maritime — sont très coupants ».
La molène, une fois enduite de graisse animale, se transforme en candélabre. De l’écorce du tilleul, «on extrait des fibres, qui, par rouissage, serviront à confectionner les cordes du bateau ». Le millepertuis « soulage les brûlures ». La trentaine de plantes aux essences locales trouvent toutes des applications au chantier maritime ou au monde des marins.
Et de préciser être réceptif aux autres sources d’initiatives, de bonnes idées et connaissances à partager. « Si certains ont des recettes avec des plantes, par exemple, ce pourrait être sympa d’organiser ce genre d’ateliers », s’enthousiasme-t-il. « Combien de gens mangent des pissenlits alors que la nature nous l’offre à foison et que c’est très bon pour le foie ? », s’étonne-t-il.
Même les plessis en châtaignier fabriqués par une entreprise du Limousin sont issus d’un savoir-faire traditionnel.
Des plantes tinctoriales retrouvées sur la tapisserie de Bayeux rejoindront bientôt les autres variétés. Des ateliers et temps forts seront prévus autour de la confection de « feu primitif », de la colorisation ou de la découverte de la biodiversité, indique Pierre Chatel.
Les ressources de la nature
L’eau de pluie sera exploitée grâce à un récupérateur d’eau installé sur la gouttière. Si le jardin a pu sortir de terre grâce à la coopération d’une vingtaine de bénévoles, il a aussi pu être réalisé grâce à un établissement et service d’accompagnement par le travail (Esat).
« Le jardin peut être visité en libre accès toute l’année sur les horaires d’ouverture de la Mora », précise-t-il.
En attendant, l’agent de l’intercommunalité, qui est parvenu à mobiliser des forces vives pour faire émerger ce jardin sur le temps de deux week-ends pluvieux, se prépare pour le salon Passionnément jardin. Peut-être trouver a-t-il à l’occasion de cet événement, de nouvelles personnes pour faire vivre cet espace de partage et de connaissances autour des plantes ?
« La philosophie de ce jardin serait celle-ci : c’est parce qu’on maîtrise la terre, qu’on peut partir en mer. »
PIERRE CHATEL