Le Pays d'Auge (Édition Littoral)
L’ado sèche l’école pour dealer : le père complice et la mère condamnés
L’adolescent n’allait plus à l’école et vendait du cannabis. Le père, qui l’épaulait, et la mère ont été condamnés mardi après avoir quitté le tribunal dès le début de l’audience.
Présents à l’audience mardi pour répondre du délit de «soustraction par un parent à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant», un homme de 38 ans et sa conjointe de 34 ans ont été jugés en leur absence.
En effet, après s’être vu opposer un refus à leur demande d’un deuxième renvoi de l’affaire, le prévenu a lancé à sa compagne : « Viens, on s’en va! On fera appel », avant de quitter rageusement la salle d’audience. Un mouvement d’humeur dû à un rendez-vous manqué avec son avocat.
Il est à noter que, dans cette affaire, ce sont la santé, la sécurité, la moralité et l’éducation de leur fils de 14 ans qui ont été « compromises ». L’adolescent, qui a fait l’objet d’une mesure éducative judiciaire, était représenté par Me Marie-Pia Clausse, avocate du CIDFF, désigné administrateur ad hoc.
Chacun sa substance
Une surveillance mise en place dès le 3 décembre 2022 à Trouville-sur-Mer dans le quartier du couple par les policiers a permis de mettre en évidence de nombreuses allées et venues nocturnes à proximité de leur domicile. Il est apparu au fil des mois que leur fils se livrait à la vente de cannabis et que son père se réservait le trafic de cocaïne et d’héroïne. Les deux communiquaient avec leurs clients via les réseaux sociaux Telegram et Snapchat.
La retranscription des communications téléphoniques qu’ils échangeaient fait apparaître qu’il arrivait à l’adolescent de demander des renseignements ou des conseils à son père pour mener à bien une transaction délicate. « Une sorte de hotline », ironisera le procureur.
«Comme tous les jeunes»
Au terme d’une enquête « très exhaustive », telle que l’a qualifiée la présidente, les policiers mettront un terme à leur trafic le 31 mai 2023. La perquisition effectuée au domicile du couple a permis de trouver plusieurs téléphones portables, un grinder (outil utilisé pour broyer des herbes sèches), une balance et un couteau, mais aucune trace de produits stupéfiants. Placé en garde à vue, le trentenaire a reconnu consommer de la cocaïne et du crack, mais il a nié toute implication dans un trafic de stupéfiants. Il pensait bien que son fils pouvait en prendre et en revendre un peu à des copains, « comme tous les jeunes ». Quant à la mère, elle n’avait rien remarqué. Elle n’ignorait pas que l’adolescent était déscolarisé, mais ne pensait pas qu’il soit en lien avec un quelconque trafic.
Jugé également pour offre ou cession de stupéfiants, le père dont le casier judiciaire comptait 32 mentions est condamné par défaut à 8 mois de prison. Sa compagne est condamnée, également par défaut, à 3 mois de prison avec sursis. Le couple devra verser 1 € symbolique au CIDFF et 850 € pour ses frais d’avocat.