Le Pays d'Auge (Édition Littoral)

Une lettre envoyée à Emmanuel Macron

- Grégory MAUCORPS

Jean-Régis porte plainte, une enquête est ouverte par les gendarmes, qui s’enquièrent régulièrem­ent de sa santé les premiers mois. « On a été auditionné, une enquête de voisinage a été faite, mais ils n’ont rien trouvé », détaille-t-il. « Le dossier a été fermé deux ans plus tard, même s’il peut être rouvert à tout moment avec de nouveaux éléments. À 99%, il s’agit d’une balle perdue », complète sa femme Paulette. Peut-être une balle en cloche.

La position de la balle dans la poitrine de l’ancien boucher confirme cette thèse.

Jean-Régis Pannier a écrit au Président de la République Emmanuel Macron pour raconter son histoire. « Deux à trois mois après les faits, j’ai pété un plomb. Je voulais que ça

Après son opération, le Lutin a remonté la pente grâce à la neurologue hérouvilla­ise Laurence Carluer et l’Institut de médecine physique et de réadaptati­on (IMPR) au bois de Lébisey. « J’y allais tous les matins, ça m’a fait beaucoup de bien, ça m’a aidé. Ils m’ont sauvé ». 3 500 km d’allers-retours pour se soigner au total. Une avance, donc j’ai écrit à Emmanuel Macron. Son cabinet m’a renvoyé un courrier et m’a répondu que la justice était là pour faire son travail ». prothèse à la main lui a également permis de le soulager. « Depuis, j’ai un handicap de 25% sur ma main gauche. Tout est très sensible, j’ai beaucoup de douleurs. Pendant un an et demi, c’était une souffrance terrible malgré la morphine. J’aurai des douleurs à vie ».

Il apprend à vivre avec. Se met régulièrem­ent des bandes anesthésia­ntes sur la main pour se soulager et dormir. « Je suis un peu comme Jamel Debbouze, j’ai tout le temps la main dans la poche, ça me soulage et ça la repose ». Quand il prend l’avion, il ne sonne pas aux portiques. « Moi aussi, je suis surpris ! ».

Le septuagéna­ire a été atteint par une balle de carabine 22 Long Rifle (LR). « J’ai tout de suite reconnu le bruit. J’ai fait l’armée et mon père était garde-chasse en forêt ». Une balle de 22 LR peut parcourir jusqu’à 1,5 kilomètre. S’il s’est rendu dans le quartier d’où serait parti le coup de feu, Jean-Régis n’a jamais osé frapper aux portes. « Je ne me suis pas permis, car je ne savais pas quelle serait ma réaction. »

Un peu plus de quatre ans après les faits, le dossier de Jean-Régis est complet et la procédure terminée. « C’est long pour les victimes », lâche Paulette. Boucher au CHU pendant 21 ans, le septuagéna­ire attend désormais une date en 2024 pour son passage devant la Commission d’indemnisat­ion des victimes d’infraction « pour passer à autre chose ».

Le couple a été durement touché par les aléas de la vie, dont un incendie dans leur maison en 2017. Ce même 12 décembre 2019, Jean-Régis a perdu son cousin. « C’était comme mon frère et je n’ai pas pu aller à son enterremen­t, car j’étais à l’hôpital », lance-t-il, les larmes aux yeux.

Surtout, Paulette et Jean-Régis ont tragiqueme­nt perdu leur fille de 22 ans, Mélanie, dans un accident de la route en 2000. « En fait, prendre une balle, ce n’est pas grand-chose par rapport à ça, car moi, je suis vivant. Perdre ma fille, c’était terrible. C’est moi qui aurais dû mourir, pas ma fille ».

La balle est de biais dans ma poitrine. Si on m’avait tiré dessus délibéréme­nt, elle serait droite. C’est une balle perdue ou peut-être un ricochet, m’a-t-on expliqué. J’ai eu du bol, même si j’aurais préféré que la balle ressorte. JEAN-RÉGIS

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