Le Pays d'Auge (Édition Littoral)
Coups de feu à Livarot : « Un moment d’égarement », selon la défense
Deux détonations avaient retenti à Livarot le 29 septembre dernier en fin de journée. Un père de famille était venu de l’Eure armé d’un fusil pour en découdre avec son ex-beau-frère et son exbelle-soeur.
Il soupçonne ces personnes – qu’il dit apprécier beaucoup avec lesquelles il passait de bons moments – d’avoir « une influence » sur la femme qui l’a quitté un mois auparavant. « Adorable quand il est à jeun mais agressif quand il se met à boire » – selon la mère de ses 4 enfants –, l’homme de 41 ans a été jugé pour menace de mort matérialisée par écrit, image ou autre objet et conduite d’un véhicule en état d’ivresse.
Le 20 septembre 2023, vers 17 heures, il quitte le village proche de Pont-Audemer où il vit désormais avec sa mère pour se rendre chez le frère de son ex-compagne et son épouse qu’il soupçonne d’être à l’origine de sa séparation. Arrivé devant chez eux à Livarot environ une heure plus tard, il arrête brusquement son fourgon puis klaxonne rageusement. Ignorant que le couple et ses deux enfants se trouvent alors dans un supermarché lexovien, il invective son beau-frère et menace de « tous [les] tuer ». En désespoir de cause, il tire deux coups de feu en l’air puis repart en direction d’Orbec.
Un homme « pas net »
Ces précisions seront apportées par une voisine. C’est elle qui a contacté la gendarmerie à 18h20 pour signaler la présence d’un homme « pas net » devant chez elle. Peu après, les gendarmes informaient le couple qu’un individu potentiellement armé était stationné devant chez eux. Quelques minutes plus tard, ils apprenaient, toujours par les militaires, que l’homme avait quitté les lieux. Interpellé sans difficulté à 19 heures par les forces de l’ordre, le père de famille, qui détenait un fusil à canons superposés sans munitions, était positif au cannabis et présentait un taux d’alcool d’1,95 g par litre de sang.
« Il va y avoir un feu d’artifice »
L’exploitation de sa téléphonie, ainsi que le témoignage de sa mère et de son ex-compagne, ont permis de reconstituer le déroulé de l’après-midi. Fortement alcoolisé, l’homme envoie depuis chez sa mère un sms à son ex-compagne à 16h16. Il lui demande le numéro du portable de sa belle-soeur et la prévient qu’il va se rendre à Livarot (distante de 60 kilomètres, ndlr). « Il va y avoir un feu d’artifice dans une heure. T’inquiète, tu vas savoir pourquoi », précise-t-il. Après son départ, c’est la mère de l’individu qui l’appelle pour la prévenir qu’il vient de quitter sa maison armé d’un fusil. Une arme qu’il aurait achetée 200 € à un de ses collègues, trois semaines auparavant.
« On se serait fait la bise »
Entendu par les enquêteurs lors de sa garde à vue, le quadragénaire dit avoir tiré en l’air « pour faire peur » ; ce qui, en l’absence de toute trace d’impact, paraît vraisemblable. « Je voulais les impressionner. Je ne serais pas allé plus loin, se défend-il. C’est l’alcool… » Que se serait-il passé si le couple avait été présent avec les enfants ? « On se serait fait la bise et on aurait pris un verre », suggère-t-il. « Si on avait été à la maison, je ne serais peut-être plus là aujourd’hui », rebondit sa belle-soeur.
Le prévenu est condamné à un an de prison avec sursis probatoire pendant 2 ans avec obligation de travail et de soins en lien avec l’alcool et les stupéfiants. Il a l’interdiction de porter ou détenir une arme soumise à autorisation pendant 5 ans et de contact avec ses victimes ou de paraître à leur domicile. Son permis de conduire est suspendu pendant 6 mois. Il devra verser 800 € à chacun des deux plaignants au titre de préjudice moral et 800 € pour leurs frais d’avocat.