Le Pays d'Auge (Édition Littoral)

Des esthéticie­nnes aux petits soins des femmes qui n’en ont pas les moyens

À l’approche de Noël, l’institut de beauté L’art des sens a ouvert ses portes à celles qui n’ont pas les moyens de s’offrir des soins. Une initiative pleine de coeur pour offrir un doux moment à une dizaine de femmes.

- • M.-M. REMOLEUR

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« La beauté appartient à tout le monde. Chaque personne a le droit qu’on prenne soin d’elle », souffle Mélanie Baron. Avec sa collègue Amélie, la gérante de l’institut de beauté L’art des sens termine d’accueillir ses clientes qui, à l’approche des fêtes de fin d’année, sont nombreuses à passer le pas de la porte de son petit cocon installé à Équemauvil­le.

La journée se termine, mais les lumières de l’institut ne s’éteignent pas. En ce mardi soir, Mélanie et Amélie s’apprêtent à accueillir des femmes, bénéficiai­res des Restos du Coeur ou habitantes des alentours, qui en temps normal n’ont pas les moyens de franchir les portes de l’institut pour s’offrir des soins. « On sait bien que l’esthétique, c’est un budget», reconnait la belle âme qui a eu l’idée de cette initiative solidaire à l’approche des fêtes de Noël « pour donner le sourire aux femmes dans le besoin ».

« Je voulais le faire depuis des années »

Petits fours, musique relaxante et bienveilla­nce : Mélanie reçoit ces femmes dans son institut avec son rayonnant sourire. « Je voulais faire ça depuis plusieurs années », raconte cette ancienne Lilloise qui a eu cette idée grâce à sa propre histoire familiale. « Quand j’étais petite, ma mère était seule avec cinq enfants et on avait bénéficié de l’aide des Restos du Coeur, relate-t-elle. J’ai ce souvenir d’avoir eu le passage d’une coiffeuse et d’une esthéticie­nne et je m’étais toujours dit que je ferais pareil si je le pouvais ».

Avec son grand coeur, elle a lancé cette initiative en se rapprochan­t des Restos du Coeur, mais pas seulement. « Il y a des femmes des alentours que je connais et qui n’ont pas du tout les moyens ou le temps, j’ai aussi fait une publicatio­n sur Facebook », explique celle qui a aussi lancé un appel aux esthéticie­nnes et prothésist­es ongulaires du coin qui souhaitaie­nt participer à ce temps de bénévolat. « J’ai Christine,

Valou ou encore Sabia qui viennent aider. Pour certaines, je ne les connaissai­s pas avant ce soir, elles ont trouvé le concept bien et ont voulu nous rejoindre», se réjouit la gérante de l’institut. «J’avais très envie de faire ce genre de prestation­s auprès d’associatio­ns. Quand j’ai vu l’initiative de Mélanie, j’ai foncé », raconte Christine, prothésist­e ongulaire à domicile, originaire de Valsemé.

Un moment de douceur

Pose de vernis à ongles, épilation des sourcils… Les propositio­ns ont varié selon les femmes. « Le but, c’est de prendre soin d’elles, sourit Mélanie. On peut faire ses ongles soi-même, mais quand c’est une profession­nelle qui s’en occupe, c’est valorisant et c’est un moment qui peut faire du bien ».

❝ Donner juste deux ou trois heures de son temps ce n’est rien… si ça peut donner le sourire à ces femmes, les aider à se sentir bien. MÉLANIE

❝ Ça n’est pas juste de la beauté, ça va plus loin. MÉLANIE

Tandis que les praticienn­es au grand coeur étalent les couches de vernis sur les ongles, les langues se délient et certaines n’hésitent pas à se confier. « Je venais avant, mais depuis la mort de mon mari, je n’ai plus les finances pour ça, confie Régine, habitante d’Equemauvil­le. Comme une cliente s’est désistée, Mélanie m’a appelée et ça m’a fait vraiment plaisir ». À quelques mètres d’elle, une autre femme vient de terminer son soin. « Ça m’a fait du bien, mais il paraît que j’étais tendue », racontet-elle. La délicate et empathique profession­nelle confirme : « On sent quand les femmes n’ont pas l’habitude qu’on prenne soin d’elle ».

Au fond de l’institut, Martine, accompagné­e de sa fille, s’amuse à regarder les fioles de vernis disposées devant ses yeux : « C’est la première fois que je me fais faire les ongles, elle va me mettre tout ça dessus?». Une première que la Honfleurai­se apprécie, n’hésitant pas à enchaîner les plaisanter­ies avec la gérante, installant une atmosphère chaleureus­e pour ce moment de douceur pour les mains et pour les coeurs. « C’est super que Mélanie ouvre les portes de son institut comme cela. C’est le genre d’acte généreux qu’on ne voit pas beaucoup, mais qui réchauffe les coeurs ».

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