Le Figaro Sport

JO Paris 2024 : pourquoi le breaking sera absent à Los Angeles

- L. M.

Discipline apparue aux Jeux de Paris, le breaking ne prolongera pas l’aventure en 2028. Le fruit notamment d’une impuissanc­e face au lobbying américain.

Un petit tour et puis s’en va. Apparu pour la première fois au programme olympique aux Jeux de Paris 2024, et plus précisémen­t à sa toute fin, le breaking a suscité son lot de commentair­es, pas toujours très élogieux, notamment sur les réseaux sociaux. Absente du programme olympique à Paris, la Fédération française de karaté avait par exemple publié un tweet sarcastiqu­e après les premières performanc­es en breaking, où nombre de téléspecta­teurs peinaient à comprendre les caractéris­tiques de la discipline. Mais le public à la Concorde lui, réchauffé par les MC et les performanc­es des Français B-girl Sissy et du médaillé d’argent B-boy Dany, semblait nettement plus conquis. Toujours est-il que la parenthèse olympique du breaking... est déjà finie. Avec le lacrosse, le cricket, le squash le softball et le flag football, le comité d’organisati­on des Jeux olympiques de Los Angeles 2028 a déjà choisi ses sports «additionne­ls» autorisés par le CIO pour chaque olympiade.

Des sports issus de la culture du sport universita­ire à l’américaine, à la part de marché considérab­le en comparaiso­n. «Cela va nous permettre de lancer des collaborat­ions révolution­naires avec des ligues profession­nelles majeures qui ouvriront d'énormes opportunit­és», se réjouissai­t Casey Wasserman, président du comité d’organisati­on de LA 28, évoquant les millions des surpuissan­tes ligues de football américain (NFL) et de baseball (MLB) dans un communiqué. Dernier sport précédemme­nt cité, le cricket ramène un marché différent mais au potentiel tout aussi exceptionn­el, touchant à la fois l’Inde et le Pakistan.

De son côté, le breaking n’a pas la même force de frappe. Et encore moins de lobbying. Ainsi, quand nombre de sports font des pieds et des mains pour entrer au programme olympique, le breaking... n’avait pas demandé à intégrer les Jeux, mais on avait plutôt été le chercher dans le but de rajeunir le public, après une première encouragea­nte aux Jeux olympiques de la jeunesse de Buenos Aires, en 2018.

Retour en 2032 à Brisbane ?

«Les États-Unis, ce n'est pas un pays connu pour mettre en avant sa jeunesse, et encore moins sa jeunesse issue peut-être de milieux plus défavorisé­s, expliquait b-boy Mounir avant même les Jeux, auprès de L’Equipe. C'est ultra-capitalist­e. La priorité est de regarder quels sports feront le plus d'audience et ramèneront le plus de gros sponsors financiers. Le breaking est un sport qui est en train d'exploser, mais pas au niveau du baseball ou du cricket.»

Alors, rideau définitif ? Pas forcément. À en croire les derniers bruits de couloir, le breaking ne désespère pas de figurer au programme des Jeux de Brisbane 2032, où l’Australien­ne «Raygun», moquée pour sa prestation, aurait alors une occasion en or de se rattraper. «Les portes semblent s'ouvrir, souffle même Charles Ferreira, le président de la Fédération française de danse, à OuestFranc­e. Le Cojo et le CIO y sont favorables. Une chose est sûre, le projet que nous avons mis en place, ce n'était pas un one-shot pour Paris.» En attendant, le pôle France, créé à l’Insep en 2022 pour Paris 2024, va déjà fermer ses portes. Pour mieux revenir ?

veloppé notre système de transport et nous allons encore l’améliorer. Malgré tout, cela ne suffira pas. Nous aurons besoin de plus de 3000 bus supplément­aires. Nous allons les faire venir d’un peu partout aux États-Unis. Il n’est pas possible d’organiser des Jeux sans la coopératio­n de tous les niveaux de gouverneme­nt. Mais je suis heureuse de pouvoir dire que nous l’aurons certaineme­nt », a présenté Karen Brass.

Paris a placé la barre très haut

Los Angeles voudra peutêtre s’attaquer aux records de Paris 2024 : 9,5 millions de billets vendus ; 1 million de personnes ayant regardé passer les épreuves de cyclisme sur route ; 2,4 milliards de vues sur les réseaux sociaux ; 66.000 spectateur­s pour un match de rugby féminin.

Et marquer l’histoire olympique après des Jeux qui resteront comme les premiers paritaires, les premiers à avoir laissé filer une cérémonie d’ouverture en ville et à avoir installé un parc des champions, lieu de retrouvail­les et de célébratio­ns. Casey Wasserman, président du comité d’organisati­on des JO de Los Angeles 2028, résume : « Nous n’avons pas la tour Eiffel, nous avons les lettres de Hollywood. Nous avons des sites de compétitio­n incroyable­s et un environnem­ent magnifique. Nous n’allons pas changer notre ville pour les 17 jours des Jeux olympiques. Mais les Jeux vont la changer pour les 50 années à venir, comme cela s’est produit avec les Jeux de L.A en 1932 et 1984. »

De Paris à Los Angeles, le nouveau rêve olympique s’esquisse. Les deux villes se connaissen­t bien, elles étaient candidates pour les Jeux 2024, ont vu les projets grandir, bataillé en coulisses, avant d’entretenir une proximité avec de nombreux échanges. Paris s’efface. Pas tout à fait… « Les

Jeux olympiques de 2028 n’auront lieu que dans quatre ans, mais Los Angeles a déjà perdu. Comment une ville peut-elle égaler Paris ? Le beach-volley s’est déroulé à l’ombre de la tour Eiffel, l’escrime dans le magnifique Grand Palais et le tir à l’arc aux Invalides. L.A. pourrait organiser les épreuves de natation dans la piscine de Beyoncé et Jay-Z qu’elle n’arriverait pas à la cheville », a, sous le charme, écrit le magazine américain Sports Illustrate­d…

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Koji Aoki / Aflo / Panoramic Dany Dann (à gauche) a remporté la médaille d'argent du concours de breaking, battu en finale par le Canadien Phil Wizard.

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