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Roland-Garros : «J'ai rêvé de Nadal toute la nuit», raconte la jeune retraitée Alizé Cornet

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Éliminée au 1er tour par la Chinoise Qinweng Zheng, la Niçoise a conclu avec émotion son 20e tournoi de Roland-Garros et vu défiler sa longue carrière sous les yeux de ses proches.

Alizé Cornet est partie à l'heure du déjeuner. Sur un court Philippe Chatrier aux tribunes dégarnies, tradition oblige. Profitant d'une invitation, la Niçoise (34 ans) a vécu un dernier moment d'émotion. Sous les yeux de ses proches. Si elle n'a pas été en mesure de faire douter ou dérailler la Chinoise Qinwen Zheng (tête de série n°7), finaliste du dernier Open d'Australie, fidèle à sa réputation accrocheus­e, elle a écarté trois balles de match. Avant de s'incliner 62, 6-1, point final de son 72e tournoi du Grand Chelem (dont 69 consécutif­s, record féminin du genre ; Feliciano Lopez en a compilé 79), seules Venus Williams (93) et Serena (81) en comptent davantage durant l'ère Open. Après avoir été célébrée par Amélie Mauresmo, la directrice du tournoi et Gilles Moretton, le président de la fédération française, Alizé Cornet a, en conférence de presse, partagé sa fierté et son émotion. « J'ai consacré ma vie au tennis. C'est beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices. Quand on tourne la page, il y a un vide qui se crée. Il faut trouver d'autres projets. » Extraits.

La 4e et dernière balle de match. « Je n'ai pas ressenti grand-chose sur le moment. J'étais concentrée jusqu'au bout, pour ne pas montrer d'émotion. Mais quand la vidéo est passée, je me suis rendue compte que c'était la fin. Émotionnel­lement, j'ai réussi à gérer le match jusqu'au bout.»

Le dernier match. « Le scénario n'était pas idéal. J'ai une balle de jeu (pour mener 1-0) et je ne le fais pas. Je n'étais pas relâchée. (Menée 4-0) J'ai repensé au scénario il y a deux ans, j'étais blessée à l'adducteur mais j'étais menée 6-0, 3-0 et j'avais dû abandonner. Je me suis dit que je n'aimerais pas finir ma carrière sur une branlée. Non pas ça, pas ça… J'ai eu des balles de 4-3, jouer contre une fille de ce niveau ne m'a pas aidée, ce n'est pas évident de jouer contre une fille qui joue si bien mais cela m'a permis de jouer sur le court Philippe Chatrier. »

Les 24 dernières heures. « Les dernières semaines ont été intenses. Les 24 dernières heures ont été plutôt apaisées. C'était compliqué de me projeter sur le match en mode compétitri­ce qui pouvait gagner et ne pas me projeter sur la cérémonie. J'ai bien dormi. J'ai rêvé de Rafa (Nadal) toute la nuit. J'ai rêvé qu'il me proposait de faire un match au meilleur des trois sets à Strasbourg… À l'échauffeme­nt, je me suis rendue compte que c'était peut-être la dernière fois. C'est la fin. J'ai fait de mon mieux contre une fille qui ne me réussit pas, m'agresse beaucoup.»

La fin de carrière. « Cela fait un moment que je m'y prépare, même si je ne réalise pas vraiment. Depuis janvier, je me prépare à arrêter à Roland-Garros. Mon cerveau s'est préparé. C'est un moment inoubliabl­e. C'est une chance de finir avec un si beau moment. Je suis en paix avec moi-même. Je ne dis pas que ce ne sera pas difficile mais j'ai le sentiment du devoir accompli. On ne reparlera mais là, je suis apaisée.»

Et maintenant ? « Cela aurait pu être mieux mais quelle aventure ! Quel chemin, quelle constance. C'est un deuxième chapitre qui s'ouvre, un plongeon dans l'inconnu. La reconversi­on est toute faite mais le rythme de vie ne sera plus le même. Quand on a été en mission depuis vingt ans, il faut donner un sens à sa vie, trouver un rythme, c'est un travail psychologi­que. Je suis pleine de ressources. Je pense avoir les capacités d'être heureuse par la suite… Et je continuera­i à jouer un peu, j'aime trop ça. »

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ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP Alizé Cornet.

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