Roland-Garros: une nouvelle vague bleue prometteuse, mais encore trop tendre à Paris
Aucun membre de la nouvelle génération n’a franchi le premier tour du Grand Chelem parisien.
Renvoyés à leurs chères études. Un petit tour et puis s’en va. Les ambiances surchauffées des débuts de quinzaines parisiennes n’ont pas suffi. Arthur Cazaux, 21 ans, Giovanni Mpetshi Perricard, 20 ans, Luca Van Assche, 20 ans et Arthur Fils, 19 ans, ont déjà dit adieu au tournoi. Ces quatre « nouveaux Mousquetaires » incarnant l’avenir du tennis français, ont encore beaucoup à apprendre dans les plus grands rendez-vous.
Neuf Français (seulement) sur 29 engagés ont franchi le premier tour. Pas eux. Ils ne voleront pas la vedette aux anciens de 37 ans. Richard Gasquet opposé mercredi soir à Jannik Sinner, ou Gaël Monfils, qui affronte ce jeudi Lorenzo Musetti, ont su faire vibrer Paris. Et Corentin Moutet (25 ans), tombeur de Nicolás Jarry (tête de série no 16 et récent finaliste à Rome), a provoqué l’une des rares étincelles bleues du premier tour.
Une déception mais pas un fiasco
C’est une déception, mais pas un fiasco non plus pour la jeune garde qui affichait des états de forme très disparates. Huitième-de-finaliste surprise du dernier Open d’Australie, Arthur Cazaux, blessé à la cheville à Barcelone, a débarqué à Paris avec une préparation tronquée. Après un premier set prometteur, il n’a pas tenu la distance mardi sous le toit du court Suzanne-Lenglen, dominé en quatre manches par le spécialiste argentin Tomas Martin Etcheverry (3-6, 6-2, 6-1, 6-4). Victime de crampes dès le début du troisième set, le Montpelliérain s’est accroché, poussé par le fervent public tricolore : « J’étais rôti, mais le public m’a aidé. »
On ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir « mouillé » le maillot. Il a d’ailleurs failli se tordre de nouveau la cheville en tentant de récupérer une balle jusque dans les panneaux publicitaires… « J’étais tellement dans l’euphorie, je me suis dit “tu peux l’avoir”. Je voulais montrer au public que je pouvais être performant chez moi. C’est ma philosophie, je n’aime pas laisser passer les balles, même si
je suis à la rue. »
Vaincu au bout du suspense par David Goffin (4-6, 6-4, 6-3, 6-7, 6-3), le géant Giovanni Mpetshi Perricard (2,03 m), qui avait décroché à Lyon, le week-end dernier, son premier titre sur le circuit principal, a affiché de belles promesses face au vétéran belge. Assez mobile pour un joueur de sa taille, le nouveau 66e mondial, au service surpuissant et au revers à une main, a toutefois subi une deuxième défaite consécutive au premier tour dans le tableau principal.
Une saison décevante pour Arthur Fils
Même tarif pour Arthur Fils. La déception est plus grande au regard de son statut de tête de série (29). Le Francilien, beaucoup trop inconstant, notamment côté revers, a subi la loi de l’Italien Matteo Arnaldi une quatrième fois en quatre matchs. Et une deuxième consécutive sur le court Simonne-Mathieu, un an après s’être incliné d’entrée face à Alejandro Davidovich Fokina en quatre manches. L’histoire se répète. Mais Fils a préféré positiver : « C’était un match complet, je trouve. J’ai loupé un peu sur les moments importants. Je n’en sors pas vainqueur, c’est malheureux, mais c’est comme ça. Ça va tourner, c’est sûr et certain. Est-ce que ce sera l’année prochaine ? Je n’en sais rien. Est-ce que ce sera dans deux ans ? Je n’en sais rien. »
Après une progression fulgurante et un changement de coaching fin d’année 2023, Fils réalise pour l’heure une saison décevante au regard des promesses affichées. En 2021, il s’inclinait en finale des juniors Porte d’Auteuil face à Luca Van Assche. Ce dernier, pour sa deuxième apparition dans le grand tableau, a cédé assez facilement d’entrée contre Denis Shapovalov. Perturbé par une pubalgie, le Belge de naissance n’a, il est vrai, pas abordé le grand rendez-vous sur terre dans les meilleures conditions. « J’avais fait beaucoup d’efforts pour essayer de revenir sans douleur, mais j’ai manqué de rythme ». L’ex63e mondial peut, au moins, s’enorgueillir d’avoir déjà gagné un match dans le grand tableau (l’an dernier contre Marco Cecchinato). C’est déjà ça de pris…
Moins connu et - a priori - moins prometteur, Terence Atmane, 22 ans, s’est également arrêté d’entrée, renversé par Sebastian Ofner en cinq manches (3-6, 4-6, 76, 6-2, 7-5). Le gaucher a perdu ses nerfs et a frôlé la disqualification après avoir touché une spectatrice d’une balle envoyée dans les tribunes. Cet incident a provoqué un petit tollé et le Français a par la suite tenu à s’excuser pour son geste. Mais le mal était fait…
Faire mieux
Arthur Fils nous confiait avant le tournoi que ce serait compliqué pour sa génération de faire mieux que les Tsonga, Monfils, Gasquet ou Simon qui avaient placé la barre haut. Une génération sans titre du Grand Chelem, moquée, à tort, par le grand public, mais en réalité, souvent bien placée dans les grands rendez-vous et installée dans les vingt premières places mondiales une dizaine d’années.
Monfils avait 21 ans quand il a atteint les demi-finales à Paris. Gasquet affichait le même âge quand il s’incrusta dans le dernier carré de Wimbledon et Tsonga, un an de plus, quand il fut finaliste de l’Open d’Australie. La nouvelle vague bleue sait ce qui lui reste à faire. Le chantier reste énorme, mais la densité est là (ce qui n’est pas le cas dans le tennis féminin tricolore). De quoi espérer des Roland-Garros et des prochains tournois du Grand Chelem moins moroses. Et la prochaine occasion de briller (un peu) Porte d’Auteuil, ce sera dans quelques semaines à l’occasion des JO de Paris 2024, où la jeune génération sera représentée par Arthur Fils.