XV de France: qui est Antoine Frisch, le centre du Munster convoqué avant le Crunch
PORTRAIT - Incontournable au Munster, le centre de 27 ans a été appelé dimanche en équipe de France de rugby pour préparer le dernier match dans le Tournoi 2024 face à l’Angleterre. Le Figaro l’avait rencontré il y a tout juste un an.
Limerick (Irlande)
Chez les Frisch, le rugby est une affaire de famille. Depuis l’âge de 5 ans, Antoine a toujours eu un ballon ovale en main. Une ferveur encouragée par ses parents. Son grand frère, Xavier, se souvient. «Ma mère m’a dit que j’avais le droit d’aller jouer au football si j’essayais un peu le rugby. Je me suis entraîné une fois et j’ai adoré ça. Je me suis fait des amis et j’ai continué à jouer.» À Fontainebleau, où les frangins sont nés. «On a commencé ensemble au Rugby Sud 77 et Antoine m’a très vite rattrapé. J’ai alors compris que c’était un très bon joueur.» Voilà pour les premiers pas. La suite, elle, est due à la persévérance de l’homme.
L’agent du Frenchie, John Andress, ancien joueur du Connacht et du Munster, est ébahi par sa personnalité. «Antoine est très intelligent, mais pas seulement. C’est quelqu’un qui a vraiment faim et veut réussir. C’est aussi quelqu’un qui a une éthique. Il est cool, aimé et très populaire auprès de ses coéquipiers. On n’a jamais l’impression qu’il est stressé, mais il a une grosse concentration. Tout ça, combiné à ses capacités rugbystiques, font que je savais qu’il allait réussir au plus haut niveau. Il excelle balle en main, il est puissant et très rapide. Rapide également à identifier les espaces. J’ai vite compris que c’était un joueur à part…» Même son de cloche chez le frangin. «Son parcours n’est pas le plus simple. Ça souligne sa personnalité dans le sens où il est totalement dédié et motivé par ce qu’il fait. Parce qu’il adore ça.»
«Faire les choses autrement»
Parole à l’intéressé. Antoine Frisch assure qu’il savait qu’il tutoierait les sommets. «J’ai toujours cru que j’allais y arriver, que je n’allais pas abandonner. J’ai persévéré, refusé l’échec», confie-t-il au
Figaro. «Quand j’avais 19-20 ans, je n’ai pas percé comme les autres de mon âge. Il fallait donc faire les choses autrement. Mais je savais ce que je voulais, je n’ai pas lâché et ça a fini par payer…» Quand en 2018, - il a alors déjà 22 ans - le Stade Français
met fin à son contrat, estimant qu’il n’a pas le niveau pour devenir professionnel, il ne cille pas.
«À Paris, j’étais le quatrième ouvreur derrière Jules Plisson, Morné Steyn et
Shane Geraghty. Malgré une saison pleine en Espoir, on m’a fait comprendre que je n’étais pas une réelle option et que je devais me trouver un autre club. Il a fallu que j’en trouve un à la dernière minute et le souci, quand tu joues sous contrat espoir, c’est que tu n’as pas de visibilité. Mais, même à ce moment-là, je savais que ce n’était pas fini. J’avais seulement besoin de gagner en expérience, parce que je n’étais pas encore prêt.»
Il part alors s’aguerrir en Pro D2. Tarbes, Massy, Rouen. Où s’opère la bascule, en 2020-2021. Première saison pleine (20 matchs disputés). Et une vidéo envoyée par un ancien coéquipier, James Percival, à son futur agent. «J’ai tout de suite compris qu’il était spécial.» John Andress le propose, entre autres, à Bristol. Qui le veut aussitôt. En Angleterre, il crève l’écran. Mais l’obsession d’Antoine, c’est l’Irlande, le pays de sa famille maternelle. Objectif atteint dès l’été 2022. «J’ai signé avec la province du Munster avec l’ambition de jouer pour l’Irlande, pose celui qui n’avait pas répondu présent à une première convocation de Fabien Galthié fin 2022. Je crois à ça, je me concentre vraiment sur ça. Mon rêve, c’est le niveau international et je vais tout faire pour y arriver.»
A 27 ans, le Bellifontain n’a toujours pas été convoqué par Andy Farrell malgré trois sélections avec l’Irlande B. La consécration pourrait finalement venir avec le XV de France, qui l’a appelé pour préparer le dernier match du Tournoi des six nations 2024 face à l’Angleterre ce samedi 16 mars 2024 (21h00).