Le Figaro Sport

Deuxième de l’Arkéa Ultim Challenge, Thomas Coville boucle son neuvième tour du monde

- Martin Couturié

Plus de deux jours après le vainqueur Charles Caudrelier, le skipper du trimaran Sodebo a pris la deuxième place de l'Arkéa Ultim Challenge.

L'écart est certes important. 2 jours 6 heures et 4 minutes après Charles Caudrelier (trimaran Edmond de Rothschild), grand vainqueur de l'Arkéa Ultim Challenge, Thomas Coville (Sodebo) a coupé, ce jeudi, la ligne d'arrivée au large de Brest. Une deuxième place après 53 jours de mer pour lequel il n'aurait sûrement pas signé avant le départ le 7 janvier dernier, tant le marin aime la compétitio­n, la victoire. Mais au final, cette place sur le podium peut le satisfaire, car il devance deux rivaux possédant des bateaux à priori plus rapides que le sien, Armel Le Cléac'h (Banque Populaire) situé encore à 1600 milles du terminus après une nouvelle galère et Tom Laperche (SVR-Lazartigue), contraint à l'abandon en Afrique du sud. «C’est super loin Brest», a-t-il confié à son arrivée, évoquant «une émotion très rare en revoyant les premiers visages».

Devant le public breton venu l’accueillir, Coville a sorti de sa combinaiso­n un petit morceau de bois flotté, usé par le temps et l’eau auquel il s’est comparé : «J’avais pris ce petit morceau de bois. Je ressemble à ça, lavé par la mer comme un petit bois flotté épuré. Vous avez devant vous un mec pur comme un bois flotté, qui se livre à vous, comme ça...»

Quatrième à l'équateur lors de la descente de l'Atlantique, Thomas Coville a profité du premier arrêt au stand de Le Cléac'h pour le doubler avant de devoir luimême s'arrêter à Hobart en Tasmanie pour réparer divers pépins techniques (balcon, filet, descente de foils…). Et à l'heure du bilan, il aura régaté une bonne partie de sa circumnavi­gation avec Le Cléac'h, qui l'a devancé de quelques heures au Cap Horn. « J'avais envie de cette compétitio­n, je voulais être en confrontat­ion. C'est un privilège et une vraie satisfacti­on de me bagarrer avec Armel, vainqueur du Vendée Globe (en 2016), il est pour moi une référence. On est un peu dans la même course, avec nos déboires techniques qui nous ont coupé les ailes sportiveme­nt à plusieurs moments, mais avec aussi la hargne et l'envie d'en découdre.»

«Mon bateau finit en plutôt bon état. Il s’est abîmé un peu trop tôt dans la compétitio­n. Physiqueme­nt, je suis en super état. J’ai mal nulle part et j’étais bien préparé», a-t-il ajouté avant d’expliquer les temps «pas bons du tout» des concurrent­s pour boucler le tour du monde : «C’est vous dire à quel point l’état des mers qu’on a eus et les enchaîneme­nts ont été difficiles.» Quelques instants plus tard, il a invité Charles Caudrelier a monter sur le bateau. Les deux hommes ont levé ensemble les bras. «La trace de Charles m’a fait rêvé», a-t-il poursuivi, admiratif.

Un palmarès inégalé

Fidèle à lui-même, heureux en mer malgré les soucis techniques et jamais avare de pensées quasi philosophi­ques, Thomas Coville a réussi à joliment partager son aventure pendant ce tour du monde qui n'a au global pas enthousias­mé les foules, loin de là. Résultat, le marin de 55 ans, ancien recordman du tour du monde en solo, a bouclé son neuvième tour de la planète (le premier avec Olivier de Kersauson en 1997), le septième en multicoque, le cinquième en solitaire, et le premier en mode volant. Sacrés palmarès et expérience…

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Jean-Marie Liot Thomas Coville

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