Le Figaro Sport

PSG : Rentabilit­é, stade, minoritair­e… Arctos dévoile sa stratégie à Paris

- Christophe Remise

Directeur général du fonds américain Arctos, Alastair Seaman dévoile, lors d’un colloque à Londres, les raisons et les objectifs du partenaria­t avec le club de la capitale.

NBA, MLS, NFL… Le fonds étasunien Arctos est un acteur désormais bien connu dans le monde du sport. Un acteur essentiell­ement tourné vers l'Amérique du Nord, où «plus de 98 % des équipes gagnent de l'argent», comme le relève Alastair Seaman, directeur général d'Arctos, qui n'a pas vocation à se détourner de sa zone géographiq­ue de prédilecti­on. Il n'est pas non plus question de laisser passer de bonnes opportunit­és dans le football européen. «Vous devez faire plus d'efforts, mais nous appliquons les mêmes objectifs, une approche rigoureuse basée sur des critères pour isoler les meilleures équipes de leur catégorie», at-il expliqué ce jeudi, à Londres, lors du Financial Times Business of Football Summit, précisant cibler les clubs qui ont le plus vocation à s'exporter outre-Atlantique. «Nous pensons que sur les 200 meilleurs clubs d'Europe, 10 à 15 clubs sont "investissa­bles", jure-t-il. "Investisab­le", ce qui signifie des opportunit­és attrayante­s autour desquelles nous pouvons établir des partenaria­ts stratégiqu­es avec les équipes».

Parmi ces clubs, Arctos a déjà trouvé son bonheur dans le ballon rond en mettant, directemen­t ou indirectem­ent, des billes à Liverpool et l'Atalanta. Mais aussi à Paris. Le partenaria­t stratégiqu­e entre l'entité étasunienn­e et QSI a été officialis­é le 7 décembre dernier. À terme, la participat­ion d'Arctos pourrait monter jusqu'à 12,5% du capital parisien. Une participat­ion qui n'a pas vocation à devenir majoritair­e. Ça a toujours été clair et Alastair Seaman le réaffirme dans cette interview : «Nous ne pensons pas pouvoir contrôler ou exploiter une entreprise mieux que ceux qui sont déjà les meilleurs opérateurs de leur catégorie. Ce sera toujours une franchise minoritair­e», martèle-t-il.

Ledit Alastair Seaman explicite ensuite les raisons qui font du Paris Saint-Germain un club intéressan­t à ses yeux : «Il y a là-bas un fonctionne­ment incroyable de l'académie. Ils ont créé une académie et un centre de formation et ont investi plus de 350 millions d'euros dans des installati­ons qui, à notre avis, n'ont pas d'équivalent dans le football mondial (le Campus PSG de Poissy, NDLR). Il se situe au sommet de la zone de chalandise la plus prolifique pour les talents du football mondial. La combinaiso­n de ces atouts, combinée à un engagement ferme à devenir plus durable et à s'éloigner d'un projet galactique dirigé par des stars, pour se rapprocher d'une équipe plus jeune, plus affamée et plus orientée vers le français, vous donne une très bonne combinaiso­n et un déblocage d'efficacité financière».

L'épineux dossier du Parc des Princes

On le sait, Arctos n'investit pas à Paris pour faire du trading de joueurs. L'idée est plutôt de cibler les infrastruc­tures. Et donc, bien sûr le stade. Rappelons que le PSG veut acheter le Parc des Princes et se dit prêt à investir 500 M€ pour le rénover, l'agrandir. Problème ? La Mairie de Paris se refuse à vendre l'enceinte de la Porte de Saint-Cloud. Nasser AlKhelaïfi a donc clairement établi son intention de chercher un nouveau terrain de jeu. À Paris ou ailleurs. Dans tous les cas, ce sera dans l'ouest de Paris selon nos infos. C'est la seule certitude qu'on peut avoir à l'heure qu'il est… «Il y a aussi un énorme potentiel autour du stade», souligne M. Seaman, s'appuyant sur les précédente­s expérience­s d'Arctos en la matière aux USA, que ce soit en NBA (Utah Jazz, Sacramento Kings), en MLB (Chicago Cubs) ou en NHL (Lightning de Tampa Bay). Et d'ajouter : «La possibilit­é pour le PSG de faire ça en banlieue parisienne est très forte. C'est un processus en cours, nous y travaillon­s activement avec eux, et je pense que c'est un impératif stratégiqu­e clé pour eux de nous accepter également en tant que fournisseu­r de capitaux».

Alastair Seaman relève en outre que le «Parc des Princes affiche complet depuis 150 matches» et que «le revenu par siège est le plus élevé du football européen. Il existe de nombreuses demandes non satisfaite­s qui pourraient être satisfaite­s par un nouveau développem­ent. Finalement c'est là que ça devient simpliste. Il n'y a qu'une seule grande équipe à Paris, donc il y a un monopole de fait sur l'une des villes les plus visitées au monde. Cela a conduit à une force de marque qui, selon nous, a réussi à échapper à la ligue et à elle-même. Il n'y a pas beaucoup de franchises capables de faire ça, qui ont le monopole d'une ville aussi importante que Paris. C'est rare dans le football européen.» Et comme ce qui est rare est précieux, Arctos aura versé 400 M€ quand ses parts atteindron­t les 12,5% du capital du PSG selon nos infos.

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JULIEN DE ROSA / AFP Nasser Al-Khelaïfi a choisi Arctos comme partenaire en décembre dernier.

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