ÇA DISTILLE PAS MAL À PARIS
Et si la capitale était enfin redevenue l’un des hauts lieux des spiritueux.
Nicolas Julhès convoque Zola pour faire valoir le passif de nd la Ville lumière en matière de distillation. Au XIX siècle, e
elle abritait de nombreux alambics ; une réalité décrite dans L’Assommoir.
Un siècle et demi plus tard, celui qui est à la tête de la Distillerie de Paris symbolise ce renouveau de la production d’alcool intra-muros. Et cela ne tient pas seulement à son érudition au sujet des spiritueux. « L’interdiction date d’une époque où les villes se modernisaient, on avait très peur des incendies », retrace Nicolas Julhès, qui a bataillé pour obtenir un statut dérogatoire et produire gin et whisky, entre autres, dans l’arrièreboutique de l’épicerie fine familiale. Pourquoi une telle obstination ? « Je souhaitais être au coeur d’un laboratoire de créations sans limites et quel endroit mieux que Paris pour cela ? » Dès 2015, il était persuadé qu’il ferait des émules. En 2024, la capitale compte cinq points de distillation.
Le secteur a connu un dynamisme sans pareil lors de l’après-Covid. « J’étais restaurateur, j’avais vraiment envie de me rapprocher des produits, confie Julien Roques, cofondateur de Baccae, qui propose du sur-mesure pour les bars, la restauration, et des ateliers de création dans son local du 4e arrondissement. Le lien avec le consommateur est important. Acheter un alcool parisien n’est pas anodin, on a envie de savoir qui sont les personnes qui le font ». L’aventure entamée en 2018 ne fut pas une sinécure, mais, aujourd’hui, Julien Roques apprécie de pouvoir livrer ses clients à vélo et de renouer avec la tradition des liquoristes urbains.
ON VIENT CONCOCTER SON PROPRE GIN
Récemment, la Distillerie de l’Arbre Sec est venue apporter une touche de féminité dans un monde très masculin : Charlotte Buisson Dackow et Charlotte Bartoli (photo) ont inauguré, probablement, la plus belle d’entre toutes, au sein d’un hôtel particulier attenant aux Caves du Louvre, dont le directeur Nicolas Paradis est associé. Dédié au gin, dont la cote ne se dément pas, l’endroit aux allures de laboratoire végétal est une invitation à la création. On vient y concocter sa propre eau-devie de genièvre. Voilà peut-être un manque désormais comblé, alors que Londres valorise déjà le spiritourisme. « Les nouveaux arrivants sont excellents dans le marketing et en spiritourisme, ce qui est très important dans une ville touristique comme Paris », souligne Nicolas Julhès. Plus que jamais, à la veille des Jeux olympiques.