SOUS LE SOLEIL SUDISTE
Une fille du Sud, de Juliette Granier, Gallimard, 192 p., 19 €.
A la fin des années 1980, dans un modeste domaine vinicole familial des PyrénéesOrientales, Catalina, âgée de 8 ans, vit auprès de sa mère, Angélique, et de sa grandmère, Avia. Depuis son fauteuil roulant, celle-ci commande la famille Magne à la lumière de deux notions : l’argent et la terre. La matriarche a adoubé le mariage de son parent favori, Ferràn, un cousin séducteur et impulsif, avec Olivia Pons issue d’une « branche rivale et cousine » des Magne, tout en consignant les secrets des uns et des autres dans un journal intime. De son côté, la petite fille observe le ballet des adultes entre fascination et incompréhension. Au cours des années de lycée, puis d’université à Perpignan, Catalina s’émancipe des liens du sang, découvre une nouvelle liberté, mais aussi d’autres conventions. Les amitiés et les premières amours font leur oeuvre en donnant des envies d’échappées belles. Faut-il fuir les siens pour vraiment vivre sa vie ?
Premier roman de Juliette Granier, Une fille du Sud séduit par son art de cerner l’ennui, les doutes et le sentiment de solitude propres à l’adolescence sans user de clichés. De même, la peinture d’une province à la fois étouffante et solaire échappe à la caricature. Au rythme des vendanges et des saisons, au gré d’élans du coeur comme d’accès de violence, on se laisse emporter par ce récit d’apprentissage qui réussit à surprendre. Au-delà de Catalina, des personnages prennent une densité inattendue. Voici un Sud plein d’ombres et de lumières, touchant comme une jeunesse qui s’enfuit.