LE TOUT-À-L’EGO DE LA DROITE FRANÇAISE
L’union fait la force. Trivialité ? Non. L’actuelle foire aux cancres politiques en témoigne. Le spectacle d’une gauche unie, donc forte en dépit de ses faiblesses, et d’une droite désunie, donc faible en dépit de ses forces, est édifiant. Cet amour de la désunion, donc de l’impuissance, donc de la défaite, est une énigme indéchiffrable pour nombre d’analystes des droites françaises. Comment en effet expliquer la récurrence de ce phénomène suicidaire ? Les droites seraient-elles folles et donc condamnées à « faire encore et encore la même chose et de s’attendre à des résultats différents » ? Seraientelles intellectuellement déficientes, donc réduites à n’être que « les droites les plus bêtes du monde » ? Seraient-elles victimes d’une malédiction jetée par quelque malveillant sorcier ? Ou alors les proies consentantes et humiliées d’un masochisme inavoué ? La vérité est ailleurs, et elle est bien pire. Elle réside tout entière dans l’amour de soi poussé jusqu’à l’idolâtrie qui anime les petits Césars de ces forces affrontées. Qui leur interdit de servir toute cause supérieure à leurs appétits singuliers. Qui les rend hermétiques à toute transcendance. À tout bien commun. À tout sacrifice. À toute relativisation, donc dépassement de leur petit moi vénéré. Vautrés dans l’amour propre dont parlait Pascal, ils s’érigent en cause suprême à laquelle toutes les autres doivent être subordonnées. L’union ne serait alors pour eux qu’une rétraction, donc une dégradation, voire une disparition. Un aller simple pour le néant qu’ils ne sauraient supporter.