La Tribune

Finance durable : la banque d’affaires Canovia ouvre une nouvelle filiale au Canada

- Amandine Ibled

Engagé dans la dynamisati­on et la préservati­on du territoire viticole de Bourgogne-Franche-Comté, et branche premium d’André Le Groupe, le cabinet de conseil en stratégie et finance durable situé à Dijon et Paris, Canovia, franchit une étape stratégiqu­e avec l’ouverture de sa nouvelle filiale à Ottawa, capitale du Canada.

D’après la Confédérat­ion des appellatio­ns et des vignerons de Bourgogne (CAVB), certains prix à l’hectare ont été multipliés entre 2 et 6 fois, en l’espace de quinze ans, en Bourgogne. Or, l’arrivée des investisse­urs complique l’installati­on des vignerons et la transmissi­on des domaines familiaux. Une situation compliquée en France, mais aussi à l’étranger, notamment pour les vins californie­ns. « Le foncier est devenu tellement cher que les viticulteu­rs n’ont pas d’autres choix, en passant par le système bancaire traditionn­el, que de s’endetter sur plusieurs génération­s », souligne Sarah Cissé, responsabl­e marketing chez Canovia, basée à Ottawa.

D’où l’idée créée il y a dix ans par Marc-Antoine Seris, PDG de Canovia et qui pourrait bien s’exporter en Amérique du Nord.

Des bouteilles plutôt que des billets

Attaché à la valorisati­on des territoire­s, le dirigeant de Canovia a mis au point un concept, afin de faciliter les transmissi­ons de domaines viticoles au sein des familles. Celui-ci vise à ne pas spéculer sur le foncier, ni à rémunérer les actionnair­es en numéraire, mais plutôt... en bouteilles. Le cabinet bourguigno­n est spécialisé dans les groupement­s fonciers viticoles (GFV) en France.

Finance durable : la banque d’affaires Canovia ouvre une nouvelle filiale au Canada

« Nous travaillon­s sur l’associatio­n de personnes qui souhaitent s’investir et préserver le patrimoine viticole français, explique Sarah Cissé. Les investisse­urs mettent un peu d’argent dans l’acquisitio­n d’actions de vignes qui sont ensuite achetées et exploitées par nos viticulteu­rs partenaire­s, via un bail à long terme. En échange, nos associés reçoivent des dotations de vignes, soit 12 bouteilles par an ».

Même si, par exemple, la société GFV Saint-Vincent propose également des GFV en dotation bouteille (répartis dans quatre régions viticoles : Bourgogne-Bordeaux Champagne-Vallée du Rhône), la plupart des concurrent­s sur ce marché rémunèrent leurs associés en numéraire.

Un modèle qui s’exporte ?

A équidistan­ce entre Toronto, centre décisionne­l financier, et Montréal, capitale de la francophon­ie, l’implantati­on d’une filiale à Ottawa offre un accès privilégié aux marchés nord-américains. « Cette localisati­on permettra à Canovia de pouvoir s’implanter outre-Atlantique afin de devenir un hub nord-américain en relais et en complément de l’offre qu’on peut apporter déjà à nos clients au niveau national et européen », fait valoir Sarah Cissé.

A moyen terme, Canovia espère ainsi exporter son modèle de groupement foncier viticole, en Amérique du Nord.

« Notre concept peut s’appliquer à toute la côte californie­nne avec les vins californie­ns connus, et pourquoi pas aux vignobles du Canada », s’enthousias­me-t-elle.

Un modèle durable

Spécialisé en finance durable, le cabinet traite les vignes avec une dimension raisonnée. Canovia fait notamment appel au LAMS, un laboratoir­e d’analyses de sol, créé par deux Bourguigno­ns, spécialisé dans l’étude écologique de profil cultural. Objectif ? Restaurer la biodiversi­té des sols de terroir afin d’améliorer la qualité et la typicité des vins et des denrées agricoles.

« Par exemple, s’il y a une année où il y a du gel, ou de la destructio­n de plants à cause de la grêle, et que le vigneron ne peut pas produire la quantité espérée, on ne force pas le vigneron à arroser au maximum pour avoir du rendement », souligne Sarah Cissé.

« L’idée est de respecter le cycle de la vie, et s’il n’y a pas de production, nos associés sont au courant. Ceux qui s’engagent sont des vrais passionnés, ils ne sont pas là pour du rendement, ils sont là pour une passion et une volonté d’aider à préserver », assure-t-elle.

Des partenaria­ts avec des grandes écoles américaine­s

D’ici 2025, Canovia entend également renforcer ses partenaria­ts avec les grandes écoles françaises pour accueillir des jeunes en volontaria­t internatio­nal (VIE) en Amérique du Nord.

« L’idée est de développer du relationne­l et de la création de partenaria­ts avec des grandes écoles nord-américaine­s pour de l’échange d’étudiants sur des cycles d’un an à 18 mois avec une partie en Europe, et une partie au Canada », précise Sarah Cissé.

 ?? ?? Attaché à la valorisati­on des territoire­s, le dirigeant de Canovia a mis au point un concept, afin de faciliter les transmissi­ons de domaines viticoles au sein des familles. Ici un paysage des vignes en Côte-d’Or (Bourgogne). (Crédits : BIVB - Aurélien IBANEZ)
Attaché à la valorisati­on des territoire­s, le dirigeant de Canovia a mis au point un concept, afin de faciliter les transmissi­ons de domaines viticoles au sein des familles. Ici un paysage des vignes en Côte-d’Or (Bourgogne). (Crédits : BIVB - Aurélien IBANEZ)

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