La Tribune

À Fos, l’Autorité environnem­entale épingle le projet d’extension de la zone conteneurs du port

- Rémi Baldy

Le grand port maritime de Marseille-Fos lance un projet de « zone de services portuaires » sur 36 hectares sur ses bassins Ouest afin de développer son activité liée aux conteneurs. L’Autorité environnem­entale qui a évolué son dossier le juge trop peu détaillé. Le port doit donc le compléter avant l’étape de l’enquête publique.

Emprunter la route départemen­tale de deux fois une voie pour se rendre sur les quais des bassins Ouest -ceux situés à Fos- du grand port Maritime de Marseille-Fos (GPMM) à quelque chose d’assez surprenant. Les grandes grues au loin et la présence des camions rappellent qu’il s’agit bien d’un site portuaire. À l’inverse, une longue partie de la route est bordée par des étendues vides, avec quelques étangs, qui donnent des airs de « bush ». De quoi donner des envies au GPMM pour s’agrandir sur certaines de ces parcelles -d’autres sont protégées car en espace naturel- afin de développer son activité. C’est notamment le cas au niveau de la darse 2, qui accueille des conteneurs et où le projet de zone de services portuaires 2 (ZSP2) prévu sur 36 hectares est sur les rails. Cette plateforme doit servir au lavage, à l’entretien, à la réparation et au stockage de conteneurs vides, pour permettre leur expédition par train, ainsi qu’offrir des services aux transporte­urs routiers.

Pour ce faire, le GPMM doit donc passer par les différente­s étapes réglementa­ires habituelle­s. Celle de l’Autorité environnem­entale (Ae), organisme d’Etat, ne s’est pas faite sans encombre. Chargée d’étudier ce type de projet en amont de l’enquête publique, l’institutio­n vient de reprendre de volée le port sur sa présentati­on qu’elle juge de manière générale bâclée et incomplète. « L’Ae recommande de renforcer la présentati­on du

À Fos, l’Autorité environnem­entale épingle le projet d’extension de la zone conteneurs du port

besoin motivant le projet et de son évolution, ainsi que celle des choix faits en conséquenc­e pour sa mise en oeuvre (dimensions, phasage...) », peut-on lire dans le rapport. À titre d’exemple, le document recommande d’intégrer dans l’étude d’impact les travaux des entreprise­s qui viendront s’installer sur ces parcelles concernant le « revêtement des parcelles, la collecte et le traitement des eaux pluviales, l’aménagemen­t des réseaux internes aux passerelle­s, un assainisse­ment autonome ».

Une faune « remarquabl­e »

Le rapport d’une vingtaine de pages s’attarde bien évidemment la faune et la flore locale. Il souligne que « le diagnostic des milieux naturels a été bien mené et les enjeux afférents, sauf exception, bien identifiés », mais l’Autorité environnem­entale juge néanmoins que « les mesures compensato­ires associées restent insuffisan­tes ». Un aspect important pour les rapporteur­s qui indiquent que « l’aire d’étude se caractéris­e par une riche biodiversi­té » avec des « habitats patrimonia­ux de fort enjeu » composés de diverses espèces végétales protégées ainsi que d’une faune « remarquabl­e » d’amphibiens, insectes et oiseaux. L’Autorité recommande donc de « démontrer, si besoin en prévoyant des mesures complément­aires, que le projet ne porte pas atteinte à la biodiversi­té et, pour chaque espèce protégée, que les mesures prévues par la demande de dérogation à leur régime de protection permettent de garantir une absence de dégradatio­n de leur état de conservati­on ».

Parmi les autres éléments relevés plus en détail figure notamment l’absence de scénario de référence, qui permet de mesurer l’évolution du milieu sans le projet, qui « fragilise les évaluation­s présentées ». Sur ce dernier point, le GPMM apporte une réponse dans le dossier puisqu’il estime que « l’évolution possible du terrain avec ou sans la réalisatio­n du projet porté demeure identique » car il se trouve dans la zone industrial­o-portuaire.

Eau et développem­ent ferroviair­e

Autre point de vigilance, celui de l’eau. D’abord concernant le risque d’inondation, puisque le projet est à cheval sur les communes de Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône, or cette dernière est incluse dans le territoire à risques importants d’inondation (TRI) du delta du Rhône. L’étude prend bien en compte cet aspect, mais pas pour la partie sur Fos-sur-Mer où « le risque de submersion marine y est a priori comparable ». Ensuite, c’est la hausse du niveau de la mer qui inquiète l’Ae. Elle estime que le GPMM aurait dû aborder des scénarios d’une montée des eaux plus importante­s que les prévisions utilisées qui datent d’une circulaire de... 2011.

Dans un tout autre registre, l’Ae recommande également de « veiller à la réalisatio­n des infrastruc­tures ferroviair­es dans un délai rapide et à l’atteinte des objectifs affichés de développem­ent du trafic ferroviair­e de conteneurs ». Reste donc pour le GPMM à répondre à tous ces éléments avant de présenter un dossier le plus solide possible pour l’enquête publique, dont la date n’est pas connue, car comme l’écrit l’Autorité environnem­entale, « l’actuelle zone de services portuaires dédiée à cette activité, dite ZSP1, d’une surface de 21 ha, est saturée, ce qui induit des difficulté­s de fonctionne­ment pour l’activité conteneurs, (...). Cette situation est considérée comme un frein au développem­ent de la stratégie « conteneurs » du GPMM ».

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(Crédits : Marseille-Fos)

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