La Tribune Dimanche (France)

Le rapport Woerth déçoit les élus

- CÉSAR ARMAND

JEUDI, LE DÉPUTÉ RENAISSANC­E de l’Oise Éric Woerth a remis son rapport sur la décentrali­sation à Emmanuel Macron. Pas question de supprimer une couche du millefeuil­le territoria­l comme le lui avait demandé le chef de l’État, mais plutôt d’« assumer le partage du pouvoir », de « vivi ier la démocratie locale » ou de « mettre in à certaines impasses politiques ».

LE MAIRE Y EST AINSI QUALIFIÉ de « premier mètre » de l’action publique, « et non plus comme le dernier kilomètre », se réjouit, depuis sa voiture, le président des maires ruraux (AMRF), Michel Fournier. Qui applaudit aussi l’idée de relever les indemnités des élus des communes de moins de 20 000 habitants : « C’est nécessaire pour accroître l’engagement citoyen », salue l’édile (sans étiquette) des Voivres.

« C’EST UNE PREMIÈRE RÉPONSE », appuie le président des petites villes (APVF), Christophe Bouillon, « mais ça ne règle pas la question de la retraite. Beaucoup d’élus découvrent vingt-trente ans après leur mandat qu’elle n’est pas à la hauteur de leur engagement », pointe le maire socialiste de Barentin, en Seine-Maritime. « Ça permettra de mieux rémunérer les adjoints », mais le plafond de 20 000 habitants est « inutilemen­t vexatoire », s’agace un autre édile, qui ne sera pas mieux rétribué.

ET, AUSSI INCROYABLE que cela puisse paraître, aucun des élus contactés ne dit mot sur le retour du cumul des mandats. Éric Woerth propose en e fet que les parlementa­ires puissent exercer les fonctions de maire et/ou de président d’intercommu­nalité. « Il faut un continuum entre la politique nationale et la politique locale », justi ie l’exmaire de Chantilly. Pas une remarque entendue non plus sur le retour du conseiller territoria­l, tel que voulu par Nicolas Sarkozy, qui siégerait au conseil régional.

ENTRE LES MAIRIES ET LES RÉGIONS, les intercommu­nalités pourraient, elles, récupérer la gestion de MaPrimeRén­ov’, comme l’a toujours défendu leur président (ex-LR) Sébastien Martin. En réalité, le patron du Grand Chalon ne comprend pas pourquoi le député Renaissanc­e pousse à la suppressio­n de la métropole du Grand Paris, un collège de 131 maires en petite couronne parisienne chargé de gérer les inondation­s et la zone à faibles émissions.

« C’EST LE SIGNE QU’ON PRÉFÈRE attaquer l’intercommu­nalité plutôt que la conforter. Je suis inquiet pour l’avenir des métropoles, la forme la plus aboutie des intercos », déclare Sébastien Martin. « La MGP n’a ni Orly, ni Roissy, ni Saclay, ni les villes nouvelles. Personne n’y comprend rien », justi ie Éric Woerth. « Les projets métropolit­ains doivent être portés par le conseil régional ».

UNE SUGGESTION QUI NE PASSE PAS auprès du président LR de la métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, « stupéfait ». « C’est un rapport technocrat­ique, déconnecté des réalités et plus généraleme­nt décevant », con ie-t-il à La Tribune Dimanche. « L’explosion de la MGP en 11 intercommu­nalités di érentes béné iciant de iscalité directe créerait les conditions du passé, c’est-à-dire des entités en concurrenc­e de développem­ent avec du dumping social pour attirer les entreprise­s. »

LE PREMIER MINISTRE va désormais mener une concertati­on. « Dans les prochaines semaines » avec les associatio­ns d’élus locaux et « à un moment donné » avec les parlementa­ires, sou le un proche de Gabriel Attal. Reste qu’in ine c’est le chef de l’État qui tranchera. Et de l’aveu même d’Éric Woerth, il ne faudra pas moins de quatre ou cinq projets de loi…

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