Sans un bruit, le collège Pagnol expérimente la classe sans smartphone
Anatole Rochette et Daouda Traoré rangent calmement, à tour de rôle, les boîtes remplies de téléphones dans un casier qu’ils ferment ensuite religieusement avec un cadenas. Le conseiller principal d’éducation et l’assistant d’éducation marquent un temps de pause pour la photo, alors que Yann Durozad, principal du collège Marcel- Pagnol, s’esclaffe : « Cette fois, on n’a pas besoin de refaire le bruit des portes ou des boîtes qui se ferment, ce n’est pas pour la radio ! »
France Info est venu quelques jours plus tôt couvrir la rentrée du collège d’Oullins- Pierre- Bénite. Etc e n’est pas le seul média à avoir eu la curiosité de venir observer le collège sans smartphones. « On est sollicités, même sursollicités !, sourit le principal. C’est positif, et on est les seuls de l’académie de Lyon à mis en place ce dispositif, même si certains y réfléchissent. » Ce n’est pas le seul motif de fierté médiatique du responsable, qui pointe en passant une coupure de presse au mur : « On a été cités par Le Monde parmi les collèges en REP+ ( réseau d’éducation prioritaire, NDLR) qui réussissent. » L’année dernière, le collège avait déjà tenté une première expérience en bannissant les téléphones du bal des 3e. « Ils discutaient entre eux sans crainte des photos ou des vidéos volées, c’était positif. » Pour le versant pédagogique, le principal l’assure, « ça se passe extrêmement bien. On a l’assentiment des parents. Ça évite les pertes, les téléphones cassés. Ça coupe l’addiction à l’objet, aux likes, aux notifications. Cela évite au moins en journée le harcèlement en ligne. Certains ne viennent même plus avec leur téléphone » .
« On ne pourra plus tricher »
Pour cette année, seuls les 6e sont concernés. « Pour les autres classes, cela aurait constitué un changement de règle alors que pour les 6e, c’est comme ça dès leur arrivée. » Faidine, qui vient de poser son téléphone, fait quand même un peu la moue. « Ça ne se passe pas bien, en cours c’est long. Mes parents ne disent rien, mais ils ne sont pas contents. Ils préféreraient que je le garde. » Derrière, Anfal n’est pas sur la même ligne. « Ça dérange moins la classe comme ça. Dès le premier cours, un téléphone avait sonné dans un sac. Et on ne pourra plus tricher. Bon, moi je ne trichais pas ! Je ne suis pas non plus trop collée aux réseaux sociaux. Mon premier réflexe, quand je le récupère, c’est juste d’appeler ma mère pour lui dire que je rentre. »
Le plan du collège Marcel- Pagnol est d’élargir le dispositwif aux aut res niveaux année après année, au fur et à mesure que les 6e de 2024 avancent. Mais si tout se passe bien, accélérer n’est pas exclu. « Peut- être qu’en septembre 2025, on étendra d’un coup. On verra. Pour l’instant, on se rode. »