La Tribune de Lyon

Ly o n La gauche s’o ff r e sans partage

- DOSSIER RÉALISÉ PAR LA RÉDACTION

Déjà majoritair­e à la Ville et à la Métropole, la gauche s’offre avec le Nouveau Front populaire un grand chelem inédit à Lyon et verrouille ses positions alentour. Un succès porté par l’union et qui renforce les positions de Grégory Doucet et Bruno Bernard.

ressenti au soir du premier tour des élections législativ­es anticipées le week- end dernier, le grand chelem du Nouveau Front populaire s’est concrétisé dimanche 7 juillet. Les quatre circonscri­ptions lyonnaises ont en effet été remportées par la gauche, qui n’en détenait que deux : la 3e et la 2e ont été conservées par Les Écologiste­s grâce aux très nettes victoires de la sortante Marie- Charlotte Garin ( 51,51 % dès le premier tour) et de la société civile nouvelleme­nt investie avec Boris Tavernier ( 58,57 %). « C’est mon premier mandat, c’est mon premier engagement. Maintenant, c’est parti pour la bagarre » , annonce- t- il.

PPour le NFP, « combat » et « responsabi­lités »

Mais dans le même temps, la gauche a également fait basculer les 1re et 4e circonscri­ptions du Rhône, pourtant détenues par la majorité présidenti­elle depuis la vague macroniste qui avait déferlé sur la France en 2017. Dans la 1re, c’est l’Insoumise Anaïs Belouassa- Cherifi qui l’a nettement remportée ( 46,60 %) face à Thomas Rudigoz ( 35,22 %), le RN de Laurent Mouton n’emportant l’adhésion que de 18,18 % des électeurs. « Demain, je serai là, sur le terrain, je serai une députée de combat » , s’est réjouie la gagnante sur le même ton martial. Dans la 4e, chasse gardée historique de la droite, la socialiste Sandrine Runel ( 42,48 %) a confirmé sa percée du premier tour et battu Anne Brugnera ( 39,67 %) d’un peu plus de 1 600 voix, reléguant Yannick Chaumont ( RN) à 17,86 %. La responsabi­lité pèse sur nos épaules,

«

a bien mesuré la nouvelle députée. La gauche est aujourd’hui en capacité de gouverner. »

Même après l’élection du socialiste François Hollande à la présidence de la République en 2012, jamais la gauche n’avait détenu l’ensemble des circonscri­ptions lyonnaises. À l’échelle du Rhône cette fois, c’est également la première fois que la gauche compte sept députés, soit la moitié des effectifs. Sur une carte, les circonscri­ptions gagnées correspond­ent au coeur de la métropole, Lyon et le proche Est lyonnais, formant une couronne de Rillieux- la- Pape à Vénissieux en passant par Vaulx- en- Vel in, Villeurban­ne, Bron, Saint- Priest et Saint- Fons.

Résistance d’Ensemble hors de Lyon

À l’ouest ( Oullins- Pierre- Bénite, Sainte- Foy- lès- Lyon, Tassin), où l’écologiste Lucie Gaillot Durand avait créé la surprise en devançant Cyrille Isaac- Sibille ( MoDem) au premier tour, le député sortant a finalement rattrapé son retard en allant chercher 6 000 voix (+ 33 % !). Même coup de chaud pour Thomas Gassilloud ( 10e circonscri­ption) et JeanLuc Fugit ( 11e circonscri­ption) au soir du premier tour, avant de l’emporter confortabl­ement face au RN une semaine plus tard. « Je remercie ceux qui ont su faire fi de nos différence­s pour faire valoir ce qui nous rassemble, a réagi celui- ci. Mais en même temps, le score haut du RN sur notre territoire et dans notre pays doit nous interpelle­r et nous inciter à répondre davantage aux attentes et aux craintes de nos concitoyen­s. »

Même profil bas pour Blandine Brocard ( MoDem), réélue dans la 5e circonscri­ption : « Je porte la voix de ceux qui ont mis mon bulletin dans l’urne, mais aussi de ceux qui ne l’ont pas mis. Je n’oublie pas ceux qui ont voté soit le NFP, soit le RN en voulant dire quelque chose. Il faut prendre en compte ces votes pour avancer, fédérer, apaiser, plus que jamais. » C’est l’un des autres constats du scrutin : alors que les candidats NFP ont vu leur score stagner faute de réserves, ceux de la majorité présidenti­elle ont nettement progressé, bénéfician­t de reports permis par l’éliminatio­n de la droite à Lyon, et par le désistemen­t de la gauche. L’exemple le plus éclatant est celui de Loïc Terrenes, 7 000 voix supplément­aires (+ 48 %), e t dans une moindre mesure celui d’Anne Brugnera, 4 500 glanées en une semaine (+ 23 %).

Doucet et Bernard savourent

Le RN a quant à lui été repoussé aux portes de la métropole, dans le Beaujolais vert et l’Est lyonnais. Pour Bruno Bernard ( Les Écologiste­s), président de la Métropole et grand artisan du Nouveau Front populaire, « c’est surtout le soulagemen­t qui domine, celui que l’extrême droite soit battue » . Quant à la suite ? « Nous sommes dans une situation inédite où, pour la première fois dans la Ve République, il faut mettre en place une démocratie parlementa­ire. On va se donner le temps de voir comment cela peut évoluer. Le NFP devra à nouveau prendre ses responsabi­lités pour proposer une solution aux Français. »

S’il s’est bien gardé « de faire un lien quelconque entre ces résultats et la politique menée par l’exécutif local à Lyon » , Grégory Doucet ( Les Écologiste­s) n’a pu s’empêcher de se réjouir « d’avoir quatre députés de la gauche et de l’écologie et qui reflètent parfaiteme­nt l’exécutif [ qu’il a] l’honneur de diriger » . Et lui aussi, qui avait préfiguré la Nupes en 2020, fait observer que « le NFP est la seule force démocratiq­ue de ce pays en capacité de gouverner. Il faut se préparer à une cohabitati­on » .

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Les quatre députés lyonnais du Nouveau Front populaire à la préfecture dimanche soir.

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