Lyon, au coeur de la colère des agriculteurs
Depuis le 24 janvier, les axes routiers de la région lyonnaise voient passer tracteurs et revendications. Mobilisés à l’échelle nationale, les agriculteurs ont multiplié les blocages sur l’A450, l’A7, l’A42 et la M6. Sur cette dernière, l’antenne rhodanienne du premier syndicat agricole de France, la FNSEA, a même organisé son congrès annuel vendredi 26 janvier. Un événement local aux élans nationaux, à quelques heures des annonces — finalement insatisfaisantes — du Premier ministre.
« On demande trois choses : reconnaître la dignité de notre métier, il y en a assez d’être fliqués ; la juste rémunération de notre travail ; et l’arrêt de la surtransposition des normes européennes qui n’est plus tenable » , scande Arnaud Rousseau, président national de la FNSEA, sur l’estrade installée au milieu de la voie métropolitaine, face à un public dense de 500 personnes. « On a le sentiment qu’on est à un point de bascule. Le fait d’être ici, c’est aussi pour passer des messages aux politiques et aux consommateurs. On veut juste pouvoir travailler ! » , confie Vincent Pestre, producteur de fruits et de légumes à Chevinay.
« Le ras- le- bol nous a poussés là »
À l’arrière de l’assemblée, quatre jeunes ont les yeux rougis par la fatigue. Installés sur la M6 depuis deux jours, ils n’ont dormi que quelques heures dans leurs tracteurs la nuit passée. « C’est le rasle- bol qui nous a poussés là. On n’est pas là pour faire la fête. Nos charges augmentent tous les mois. Moi j’ai la chance d’habiter chez mes parents, sinon ce serait vraiment compliqué » , expose Bastien Nicot, viticulteur âgé de 20 ans. Parmi les principales autres sources d’inquiétude, la transmission des exploitations résonne dans beaucoup de voix. « La question du renouvellement des générations est la plus importante aujourd’hui » , interpelle Rémi Dumas au micro, membre des Jeunes Agriculteurs. De son côté, Driss Gouttenoire, 22 ans, fils d’un producteur de lait, s’interroge : quitter le métier ou persévérer ? « Pour monter un dossier de reprise, il faut avoir tout un tas de formations, il y a des investissements lourds à faire. En plus de ça, j’ai perdu mon élevage de chèvres dans un incendie il n’y a pas longtemps. »
Les tracteurs ont fini par lever le camp vers 17 h, pour revenir de plus belle le lundi suivant avec comme objectif de « bloquer Lyon » . Un coup de pression qui devait pousser le gouvernement à formuler de nouvelles annonces.