Le mystère Barbu Müller, ou l’arnaque au musée
Vient- elle des îles Marquises ? Des Antilles ? L’origine de cette étrange petite statuette de pierre est entourée de mystères.
Et fut le casse- tête des conservateurs successifs du musée jusqu’en 2017. Cette oeuvre, nommée « statuette fétiche granit » , a été acquise par le musée en 1934 auprès d’un antiquaire lyonnais. Celui- ci l’avait étiquetée comme provenant des Marquises. Mais quatre ans plus tard, en 1938, un représentant de l’Institut colonial de Montpellier balaye d’un revers de main cette origine qu’il considère comme farfelue. Selon lui, la statuette viendrait des Antilles. Une affirmation qu’il pondère tout de même d’un point d’interrogation.
Art brut. En dehors des frontières lyonnaises, le peintre Jean Dubuffet édite en 1947 une publication sur l’Art brut. Et pour l’illustrer : une photo de la statuette du musée lyonnais, en couverture et en dernière de couverture. Et pourtant le musée n’a aucune trace d’un éventuel prêt de l’objet… Il en existe donc d’autres… En effet, quelques années plus tôt, en 1939, une dizaine de statuettes sont apparues sur le marché aux Puces à Paris : sept d’entre elles ont été acquises par le collectionneur Josef Müller ( qui leur donna son nom) et trois par Charles Ratton, antiquaire. C’est ce dernier qui a levé une partie du mystère de ces bonshommes sculptés : il fait analyser la roche et découvre qu’ils sont en domite, roche typique du Massif central. Exit les origines exotiques. Les Barbus Müller seraient auvergnats. Il faudra attendre 2017 pour qu’un chercheur français se plonge à nouveau sur la question et en perce le mystère. Pour lui, les statuettes auraient été sculptées par un cultivateur auvergnat et ancien zouave, Antoine Rabany, au début du XXe siècle. Les « statuettes fétiches » ont fait couler beaucoup d’encre et peut être qu’elles nous révéleront d’autres mystères dans les années à venir.