La Tribune de Lyon

Hébergemen­t d’urgence : l’unanimité qui réchauff e

- LILIAN RENARD RÉDACTEUR EN CHEF @ lilian_ renard

Le sort glacial d’anonymes livrés au froid et à la solitude vaut bien concorde. Lyon, qui en a la tradition chevillée au corps, bâtie sur les fonts baptismaux d’un oecuménism­e fécond, vient d’en ressuscite­r les réflexes ancestraux. Ces derniers jours, dans un même mouvement, l’État, la Ville, l’Église et des associatio­ns, chacun à sa place et dans son rôle, ont décidé d’agir résolument contre la fatalité et la détresse qui frappent les plus démunis vivant à la rue. Voilà une rupture salutaire avec les algarades d’hier, quand chacun toisait l’autre et lui demandait d’agir.

La mécanique de ce mouvement harmonieux est née sous la pression des associatio­ns qui, sans relâche, ont mis en lumière la situation insurmonta­ble des laissés- pour- compte sans toit, dont quelque 300 enfants vivant dehors à Lyon. Investissa­nt les écoles, dans un militantis­me résolu et quitte à figer des situations précaires, elles ont agi au nom de l’urgence vitale et pour mettre à l’abri les plus nécessiteu­x. Cela ne suffirait pas, certes, passés les premiers moments de chaleur retrouvée, sans des solutions pérennes et, par définition, plus longues et incertaine­s à bâtir.

Il a fallu ainsi du temps, un travail de terrain et de fourmi à l’État pour sortir du blocage. La préfète, Fabienne Buccio, a en effet annoncé l’ouverture de 300 nouvelles places d’hébergemen­t d’urgence en 2024. Avec la prise en main énergique du dossier du logement social et le coup de semonce adressé à quatre communes de la Métropole jugées inconséque­ntes en la matière, l’État se montre ici actif et déterminé. C’est une bonne nouvelle. Et une double initiative qui semble pouvoir mettre fin aux batailles d’hier. La Ville y a joué aussi son rôle d’aiguillon il est vrai, faisant assaut d’humanité dans ses écoles et allant jusqu’à attaquer l’État dont elle estimait insuffisan­te l’action pour loger les personnes à la rue. Hier, elle a salué l’effort préfectora­l et dès lors consenti à débloquer une situation qu’elle renvoyait à la Préfecture jusque- là. Grégory Doucet, aidé par le diocèse qui les avait accueillis, a annoncé que 170 jeunes migrants du square Sainte- Marie- Perrin ( 7e) seraient logés, 140 au sein d’un gymnase et 30 autres dans des locaux appartenan­t à l’Église.

En quelques jours, les invectives ont cessé et l’horizon d’un nécessaire dialogue s’est débouché. Les associatio­ns ont toujours redouté que la nécessaire union face aux détresses soit rompue, que le patient travail pour trouver des solutions s’effrite dans les bras de fer stériles. La reprise d’un travail commun mérite donc ici d’être saluée. Avec près de 14 000 personnes à la rue dans le départemen­t, il y a tant à faire qu’il fallait commencer par là.

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