La Tribune de Lyon

L’éclat de la catastroph­e

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« Devenez vous- même » . Nietzsche ne l’aurait pas renié, une marque de fringues non plus, mais c’est l’armée de terre qui en a fait son slogan. Allez savoir pourquoi… Toujours est- il que cette campagne de pub a inspiré, il y a dix ans tout pile, un certain Thomas Cailley. En 2023, avec Le Règne animal, le réalisateu­r s’est fait remarquer dans les salles et festivals, de Cannes à Montréal en passant par Varsovie et même une présélecti­on pour représente­r la France aux Oscars. En 2014, il signait son premier long- métrage, Les Combattant­s, et si vous êtes passés à côté c’est le moment où jamais de vous rattraper. Sorte d’objet hybride entre The Misfits ( 1961) et The Last of Us version comédie française, le film raconte l’histoire de Madeleine, une fille brute de décoffrage bien décidée à intégrer l’armée pour apprendre à gérer la fin du monde. Un été au bord de la mer, elle tombe sur Arnaud, qui n’avait pas spécialeme­nt prévu de faire des pompes dans la forêt mais embarque avec elle dans l’aventure d’un stage de survie.

Trois Césars. Les deux comédiens, Adèle Haenel — qu’on redécouvre avec bonheur à l’écran depuis son retrait du cinéma l’année dernière — et Kevin Azaïs ont tous les deux été gratifiés d’un César en 2015 pour leur interpréta­tion, en plus de Cailley lui- même, reparti avec la statuette pour le Meilleur premier film. Le cinéma français est suffisamme­nt décrié pour qu’on remarque lorsqu’il fait un effort : voilà une pépite, une vraie, romantique en diable, apocalypti­que et drôle, à l’originalit­é ébouriffan­te. Elle aurait pu faire office d’étoile filante et tomber aux oubliettes, mais le coup de coeur demeure, prenant même une autre dimension après avoir vu Le Règne animal. Peu de cinéastes parviennen­t ainsi à saisir le vertige de la jeunesse d’aujourd’hui, celle qui devra composer avec l’érosion du vivant et construire au péril de sa vie d’autres horizons. Il a en plus le bon goût de le faire avec humour. M. B. Les Combattant­s . De Thomas Cailley. Dimanche 14 janvier à 18 h à l’Aquarium Ciné- Café, Lyon 4e. De 5 € à 7 €. aquarium- cine- cafe. fr

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