Marie- Josèphe Laurent : « Nous avons Ordre des avocats de Lyon. essayé de former un barreau qui se mobilise sur tous les fronts »
« Deux ans, ça passe trop vite ! » À quelques semaines des nouvelles élections au bâtonnat de Lyon, Marie- Josèphe Laurent a exposé le bilan de son mandat en qualité de bâtonnière sortante. En décembre, l’avocate lyonnaise est revenue en détail sur les temps forts qui ont rythmé ses années d’exercice au sein du barreau de Lyon, ainsi que sur les points à appuyer dans la profession à l’avenir. « Nous avons essayé, avec Jean- François Barre, mon vice- bâtonnier, de former un barreau qui se mobilise sur tous les fronts » , a- telle résumé. « À la fois dans l’accompagnement de nos confrères vers de nouvelles compétences, ainsi que dans la découverte de domaines dans lesquels les avocats ne se tournent pas naturellement. À savoir : le déploiement de la commission Compliance et les travaux sur la fiducie » . Outre ces deux projets, différents chantiers ont été gérés au cours de son mandat : les difficultés liées au guichet unique, le développement du centre de défense pénal, la démission du bâtonnier élu et la tenue de prochaines élections, fin janvier… .
200 réponses relevant des harcèlements et des discriminations. La lutte contre le harcèlement dans les cabinets d’avocats a également été au coeur de ce bâtonnat. « Nous avons décidé de prendre le problème à bras- le- corps et de mettre en oeuvre des actions de sensibilisation, dans la continuité des travaux initiés par Laurence Junod- Fanget, ancienne bâtonnière » , a précisé l’avocate. À cet effet, les membres du conseil de l’ordre ont été formés afin de savoir comment réagir à ces problématiques. En parallèle, la bâtonnière a révélé qu’un questionnaire adressé aux collaborateurs inscrits au barreau de Lyon avait permis de mettre en évidence 200 réponses relevant des harcèlements et des discriminations. Parmi elles, il a été soulevé une dizaine de cas qui ont donné lieu à un rappel à l’ordre, dont un fait actuellement l’objet d’une enquête déontologique appuyée. « On s’empare de ce sujet parce que c’est une réalité au sein des cabinets. Il faut poursuivre les actions de prévention et d’information pour que les personnes prennent conscience de ce qu’est un comportement harcelant et inapproprié. Ce qui était toléré il y a plus d’une dizaine d’années ne l’est plus aujourd’hui. Et cela, tous ne l’ont pas encore compris. »
Des juridictions en sous- effectif. Autre sujet déjà pointé du doigt par la bâtonnière en début d’année 2023 : les juridictions lyonnaises sont toujours en sous- effectif. « Si nous avons réussi à renforcer les relations entre magistrats et avocats via diverses rencontres et réunions, les difficultés quant au bon fonctionnement de notre justice demeurent. L’annonce du garde des Sceaux concernant la création de milliers de postes de magistrats et personnels de greffe est à relativiser » , insiste Marie- Josèphe Laurent. « Dans le ressort de la cour d’appel de Lyon ( Bourg- en- Bresse, Saint- Étienne, Roanne, Villefranche- sur- Saône), ces nouvelles arrivées représentent, en réalité, 71 magistrats. Et parmi eux, une vingtaine sont destinés à pourvoir des postes vacants. En trois ans, la création nette d’emplois est donc d’une cinquantaine de nouveaux magistrats. Ce n’est pas acceptable » , s’agace- t- elle. « Le fonctionnement de notre justice à Lyon va s’améliorer, il ne faut pas le nier. En revanche, ce ne sera pas de manière très visible. » Autre sujet de discorde, là aussi déjà placé sous le feu des critiques : le centre de rétention administrative ( CRA) numéro 2. Alors que le barreau de Lyon évoquait une « situation dramatique » en avril dernier, Marie- Josèphe Laurent n’a pas hésité à enfoncer le clou… « La première fois où je m’y suis rendu, j’ai eu le sentiment d’arriver à Corbas. Ça ne donne pas l’impression d’être un lieu de rétention, mais plutôt de détention » , se remémore- t- elle.