Le projet de barrage à 330 millions d’euros en cinq questions
L’État, la CNR ( Compagnie nat ionale du Rhône) e t RTE ( le gestionnaire du réseau électrique) lancent, jusqu’au 29 février, une concertation préalable à la réalisation d’un vingtième ouvrage sur le Rhône, entre Loyettes ( Ain) et Saint- Romain- deJalionas ( Isère), sur les territoires du parc industriel de la Plaine de l’Ain et de la centrale nucléaire du Bugey. Le projet, Rhônergia, doit fournir l’énergie équivalente à une ville de 60 000 habitants ( 40 mégawatts).
Pourquoi faire ?
Renforcer la souveraineté énergétique française et sortir de la dépendance aux énergies fossiles. L’électricité doit devenir majoritaire au sein du mix énergétique français d’ici 2050, ce qui nécessite un bond de 30 %. « D’ici 2030, la région Auvergne- Rhône- Alpes compt e augment e r sa capacité hydroélectrique installée de 500 MW. C’est le seul projet en France de cette nature » , replace pour RTE François Chaumont.
Comment ça marche ?
Il s’agit d’un barrage- usine, et non pas d’un barrage- réservoir. La différence : il ne stockera pas l’eau, mais la turbinera en continu, sans prélèvement, pour produire de l’électricité à la demande en période de pic. Avec une chute de 6,80 mètres et une usine collée à son barrage, « c’est un aménagement très compact. Cela n’a plus rien à voir avec ce que l’on envisageait dans les années 1980, explique Olivier Le Berre, directeur de projet à la CNR. On séparait le barrage de l’usine avec des emprises foncières importantes. On prévoyait d’en faire un complexe multimodal avec production, port, et navigation grand gabarit jusqu’au parc industriel de la Plaine de l’Ain » .
Pour quelle superficie et quel coût ?
12 mètres de haut, une chute de 6,80 mètres, trois turbines, une passe à poissons, une digue en rive droite de quatre kilomètres en matériau naturel et une retenue de 22 kilomètres pour ralentir le débit, soit 20 millions de mètres cubes freinés. L’ouvrage occupe un linéaire de 26 kilomètres. Le raccordement au réseau électrique nécessitera une liaison souterraine à 63 000 V de quatre kilomètres. Un chantier à 330 millions d’euros qui mobiliserait 300 personnes pendant cinq ans.
Quels impacts ?
L’aménagement nécessiterait des reprofilages de berges « ponctuels et en quinconce » . Il consommerait 300 hectares de terres agricoles, « mais répartis sur un linéaire de 26 kilomètres » , nuance Olivier Le Berre. « En artificialisation nette, c’est entre 12 et 18 hectares, ce qui est très faible. »