La Tribune de Lyon

Le cinéma Saint- Denis à la Croix- Rousse

- ENZO CALDERON

e cinéma Saint- Denis a célébré son centenaire en 2020. Une histoire que l’un de ses bénévoles, Roger Sicaud, a consignée dans un ouvrage pour rendre hommage à ce monument du patrimoine croix- roussien. En juillet 1919, le bulletin paroissial de Saint- Denis annonce une fête de famille en l’honneur du retour des soldats de la Grande Guerre. En plus de jeux variés et du spectacle de Guignol, une singulière activité est au programme : une projection cinématogr­aphique. C’est une première. Le 7e art venait de faire son entrée dans la paroisse de Saint- Denis à la Croix- Rousse. « Je suppose qu’ils avaient aménagé une petite baraque, ou bien étendu un drap dans la cour pour projeter quelques petits films muets » , raconte Roger Sicaud, membre de L’Espoir du Plateau, l’associatio­n gestionnai­re du cinéma. Selon les archives, le premier film projeté dans la salle obscure fondée en 1920 serait Esther le 1er janvier 1921. Un drame biblique, validé par les autorités religieuse­s de la paroisse responsabl­e du contenu diffusé. Soumis à une cotation instaurée par les diocèses, le Saint- Denis avait l’obligation de diffuser des films d’une « haute tenue morale » pour les paroissien­s. C’est en 1962 que la sphère religieuse se retire de la direction du cinéma. Après plusieurs réformes de statut, en 1980, l’associatio­n L’Espoir du Plateau se voit attribuer la direction du cinéma. Depuis, le cinéma vit grâce à la passion d’une cinquantai­ne de cinéphiles bénévoles.

LCinéma de quartier. Seul cinéma à la Croix- Rousse à partir de 1985 ( à la suite de la fermeture du cinéma La Perle en décembre 1959 et du Chanteclai­r en juillet 1985), le Saint- Denis est un incontourn­able pour les Croix- Roussiens. « C’est un cinéma de proximité où les gens viennent à pied, sans s’embêter avec le métro ou les places de parking » , constate Roger Sicaud, devenu bénévole en 1957, quand il avait 13 ans. Ce cinéma à l’ancienne, avec son rideau rouge et son « ouvreuse » et son panier de friandises qui déambule dans les allées avant chaque séance, a gardé tout son charme, malgré une rénovation au début des années 2000. « La capacité de la salle a été réduite pour augmenter le confort des spectateur­s. Le nombre de sièges est passé de 400 dans les années 1950- 1960 à 239 » , explique le cinéphile. Aujourd’hui, le cinéma, qui accueillai­t près de 42 000 spectateur­s à l’année avant la Covid, continue de tourner, et se bat face aux multiplex. En tout, ce sont 11 projection­s grand public qui ont lieu par semaine, tous les soirs à 20 h 30 et les week- ends, les après- midi aussi. Et en semaine, il accueille des scolaires dans le cadre d’un partenaria­t entre l’Éducation nationale et le Centre national du cinéma. Près de 10 000 écoliers à l’année. « Le cinéma est une forme de vie sociale qui fait vivre le quartier » , résume le passionné de 79 ans qui n’est pas prêt d’abandonner son grand écran.

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