Naissance d’une filière de recyclage des vêtements en polyester
oup sur coup, la région lyonnaise accueille deux usines innovantes, deux briques industrielles d’une future boucle de recyclage des textiles complexes. Mises bout à bout, elles amorcent le début d’une filière de réutilisation des vêtements à base de dérivés du pétrole. C’est d’abord Nouvelles Fibres Textiles qui inaugure à Amplepuis une usine de tri automatique de vêtements en fin de première vie ( lire ci- dessous). Et Recyc’Elit installe à Usin Lyon Parilly une usine pilote pour séparer les textiles complexes et les ramener à leurs matières premières réutilisables. « 50 % de nos vêtements sont composés de
Cpolyester, car il est résistant et pas cher. Mais c’est un dérivé du pétrole. Or, pour atteindre certaines spécificités techniques, comme le confort, l’élasticité, on lui associe une seconde fibre : coton, polyamide, élasthanne, etc., résume Raouf Medimagh, cofondateur avec son frère Karim de Recy’Elit. Sauf que l’on ne sait pas les recycler. » L’innovation de Recy’Elit réside dans un processus chimique qui va justement permettre, à partir des vêtements usagés, de retrouver un polyester « propre » , « en chauffant peu et sans recours à de la pression, donc avec un besoin en énergie modéré, sans abîmer les autres fibres » .
Usine pilote. Recylc’Elit sort de sa phase laboratoire pour ouvrir une usine pilote capable dans un premier temps de recycler dix tonnes par an de textile en fin de vie. « On se donne deux, trois ans de mise en place pour atteindre les 100 tonnes et ensuite, avec une “vraie” usine, les 10 000 tonnes. » L’entreprise vient de lever 3,2 millions d’euros pour lancer ce projet qui pourrait justement aller chercher sa matière première chez les voisins d’Ampuis. La première fibre de polyester « dézippée » permettra de refaire du polyester identique au vierge mais 100 % recyclé. En outre, la deuxième matière, nylon ou élasthanne, jusqu’ici vouée à être détruite, est aussi récupérée et pourrait être valorisée. Ce à quoi travaillent les frères Medimagh. « Toutes les pistes sont ouvertes, expliquentils. On essaie de faire en sorte que toutes les matières reviennent en boucle fermée vers les textiles. Sinon, on les valorisera sous une autre forme. »