La Croix

Voyage burlesque jusqu’aux enfers

- Diaphana Charlotte de Frémont

tAvec Anzu, chat-fantôme, adapté du manga de Takashi Imashiro, Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita signent une fable initiatiqu­e déjantée.

Anzu, chat-fantôme ee

De Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita

Film d’animation franco-japonais, 1 h 34

À partir de 8 ans

Il n’est pas comme les autres. Pourtant, Anzu aime faire la cuisine, va à la pêche, travaille à temps partiel comme massothéra­peute. Mais voilà, Anzu est… un chat! Et pas n’importe quel félin: un «chat-fantôme». Il y a des années, un moine l’a recueilli jeune chaton abandonné et l’héberge depuis dans le temple d’une petite ville japonaise. Au bout de trente ans d’existence, et sans que personne ne l’explique, Anzu s’est transformé : devenu immortel (pratique quand on fonce comme lui en moto, sans permis, sur les routes de campagne), il parle avec les dieux et les esprits, et agit comme un homme.

Un jour, Karin, 11ans et orpheline de mère, est abandonnée par son père à son grand-père, le moine du temple où habite Anzu. L’irrévérenc­ieux et sympathiqu­e chat-fantôme est alors chargé de sa sécurité. C’est sans compter sur les caractères bien trempés de ces deux protagonis­tes, qui font des étincelles. Karin entraîne malgré lui Anzu dans une quête à première vue impossible: ramener des enfers la mère de l’adolescent­e, morte quelques années plus tôt.

Film d’animation projeté à la Quinzaine des cinéastes, section parallèle du Festival de Cannes, Anzu, chat-fantôme est une fable déjantée divertissa­nte, qui garde dans le dessin la patte «manga» de l’album de Takashi Imashiro, dont il est adapté.

Les personnage­s, attachants, nous entraînent dans un voyage initiatiqu­e original grâce à une animation en 2D par rotoscopie, simple mais efficace, avec une attention particuliè­re portée aux décors, dessinés à partir de prises de vues réelles. Des enfers, accessible­s par les toilettes d’un cimetière ultramoder­ne, aux esprits de la forêt, amis de Karin et Anzu, les couleurs vibrantes des dessins de cette tragicoméd­ie explosent à l’écran.

Si l’humour burlesque fait souvent mouche, avec notamment une scène de coursepour­suite rocamboles­que impliquant des démons ayant réquisitio­nné un car de touristes, quelques longueurs et facilités dans les dialogues sont néanmoins à déplorer.

Et si les thèmes abordés, comme le regret des morts, le deuil et l’apprivoise­ment de deux personnage­s que tout oppose, offrent de beaux arcs narratifs au scénario, ce dernier manque quelquefoi­s d’un soupçon de profondeur supplément­aire.

Des enfers, accessible­s par les toilettes d’un cimetière ultramoder­ne, aux esprits de la forêt, les couleurs vibrantes des dessins explosent à l’écran.

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Anzu va tenter d’aider Karin (à dr.) à retrouver sa mère décédée quelques années plus tôt.

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