Mardi de la 20 semaine du temps ordinaire
(Mt 19, 23-30)
Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » L’image employée aujourd’hui par Jésus ne manque pas de sel. Eh bien, visualisons-la dans notre esprit. D’une part, un chameau, fier à l’excès de sa stature et de ses réserves d’eau. D’autre part, une aiguille, de celles qu’on ne peut utiliser qu’avec des yeux ayant moins de trente ans… Vous y êtes? Et maintenant, par quelles contorsions faire passer le premier dans la seconde ? La tentative restera vouée à l’échec, tant que notre animal n’aura pas laissé ses provisions et sa haute taille. Ne restera plus de lui qu’une ombre errant lamentablement dans notre imaginaire. Jésus nous avait avertis : « Pour les hommes, c’est impossible. » Impossible d’entrer dans le Royaume tout en restant soi-même. Nos biens, nos assurances, notre stature sociale nous font exister aux yeux des autres et à nos propres yeux. Les perdre, c’est disparaître ! Et pourtant… S’il était vrai que « pour Dieu, tout est possible » ? Oui, dans la vie réelle qui n’est pas celle que le monde nous présente, le Père est capable de nous dégager d’un ego encombrant pour nous rendre petits comme des enfants, ses propres enfants. Face à ce dépouillement, tout en nous recule, tant est grande la peur d’une déchéance. Mais n’est-ce pas à travers ce passage étroit que nous serons enfin rendus à notre pleine stature ?
Soeur Nathalie, Monastère des Dominicaines de Taulignan Autres lectures : Ez 28, 1-10 ; Ctq du Dt 32