Les pro-Palestiniens prêts à se faire entendre à Chicago
Des manifestations en faveur de Gaza pourraient perturber la convention démocrate, qui s’ouvre ce lundi 19 août.
Bastion de militantisme, ChicaKgaonsas a connu son lot de grandes manifestations à travers l’histoire. Mais pas comme celle-ci. Ce lundi 19 août, la ville accueillera ce queHatem Abudayyehprésente comme «la plus grande mobilisation pro-palestinienne de l’histoire de la ville ». Responsable associatif palestinien, il est le porte-parole d’une coalition de 300 groupes qui battront le pavé pendant la convention nationale démocrate, un grand raout pendant lequel Kamala Harris acceptera formellement l’investiture de son parti comme candidate à la MaisonBlanche. «L’agglomération de Chicago compte une importante population palestinienne. Le génocide à Gaza nous consume. Ces manifestations sont un exutoire», raconte Hatem Abudayyeh.
Vu l’ampleur de la mobilisation – entre 30 000 et 40 000 personnes attendues au cours de deuxmarches –, les autorités redoutent des heurts, à l’image de la convention de 1968, qui s’était tenue dans la même ville sur fond de contestation de la guerre du Vietnam. Pour éviter d’éventuels problèmes, l’un des responsables de la sécurité au Congrès a conseillé aux élus qui participent de réserver leur chambre d’hôtel sous un nom différent, d’après le site d’information Axios.
Ces derniers mois, les activistes pro-palestiniens ont tenté de faire pression sur le gouvernement américain pour mettre un terme à l’envoi d’armes à Israël et agir en faveur d’un cessez-le-feu permanent. Dans le Michigan, un territoire clé pour remporter la présidentielle, ils ont appelé à voter « blanc » lors des primaires du parti plutôt que pour Joe Biden en raison de son soutien à Israël. Dans tout le pays, plus de 700 000 personnes ont fait le même choix.
À Chicago, ils seront représentés par une trentaine de délégués (chargés d’investir le candidat en fonction du vote des primaires dans leur État) parmi les près de 4 000 attendus à la convention. Ce petit groupe, connu sous le nom de « uncommitted » (non-engagé) est bien décidé à utiliser sa présence dans les couloirs de l’United Center, qui accueille ce rendezvous censé projeter l’image d’un parti uni, pour faire pression sur Kamala Harris. En plus d’organiser des conférences de presse quotidiennes en présence d’élus et de militants, ses membresvoudraient notamment qu’une pédiatre américaine de retour de Gaza puisse s’exprimer devant la convention. Pour l’heure, ils se sont heurtés à une fin de non-recevoir.
Le mouvement a aussi monté une campagne appelée « Not Another Bomb » (« Pas une bombe de plus») pour réclamer un embargo sur les armes américaines envoyées à Israël. Plus de 80 rassemblements ont eu lieu dans tout le pays il y a dix jours.
Pour Lexis Zeidan, militante palestinienne chrétienne du Michigan, qui fait partie des leaders « non-engagés », Kamala Harris «a manifesté plus d’empathie et de sympathie à l’égard de Gaza que ne l’a fait Joe Biden», mais elle a envoyé des signaux contradictoires. « Lors d’un récent déplacement dans le Michigan, elle a reçu brièvement deux de nos représentants qui lui ont demandé, émus, à discuter de la mise en oeuvre d’un embargo pour sauver des vies palestiniennes. Elle s’est montrée réceptive, mais trente minutes plus tard, elle demandait à des manifestants de se taire lors de l’un de ses meetings», rappelle-telle. «Si vous voulez que Trump gagne, dites-le ! Autrement, je parle », avait lancé la vice-présidente à un petit groupe de protestataires qui l’avaient interrompue pendant son discours. «Certes, Kamala Harris est un peu plus ouverte, reprend Lexis Zeidan, mais nous devons maintenir la pression. »