La Croix

À l’Assemblée, chacun cherche à rassembler… derrière soi

- Nicolas Senèze

tDès la fin des Jeux olympiques, Nouveau Front populaire, Horizons et Ensemble ont pris la plume cette semaine pour essayer de bâtir une majorité à l’Assemblée nationale. tLes ouvertures restent timides.

Une lettre de Lucie Castets, candidate pressentie de la gauche à Matignon, à tous les parlementa­ires (hors Rassemblem­ent national) ; une autre de Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons de l’Assemblée à des homologues (hors RN et La France insoumise) ; une troisième de Gabriel Attal, premier ministre démissionn­aire et président du groupe Ensemble pour la République, aux mêmes destinatai­res, suivie d’une dernière de Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissanc­e, à Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, tous deux premiers ministrabl­es…

Si l’activité postale a été intense, cette semaine autour de l’Assemblée, ce n’est pas d’abord parce que l’été est propice à l’art épistolair­e. Dans son entretien télévisé juste avant les Jeux olympiques, Emmanuel Macron avait fixé à « mi-août » l’horizon pour la nomination d’un premier ministre, demandant aux partis de s’entendre et de faire des propositio­ns. « Ils doivent sortir de leurs évidences », insistait-il.

De fait, aucun ne dispose de majorité absolue à l’Assemblée. Coalition arrivée en tête, le Nouveau Front populaire (NFP) est, avec 193 députés, bien loin du seuil fatidique des 289 députés. Il serait donc à la merci d’une motion de censure soutenue par le Rassemblem­ent national (RN), la Droite républicai­ne et Ensemble pour la République et ses alliés, qui pèsent ensemble 355 voix…

Mais, s’il est suffisant pour faire tomber un gouverneme­nt de gauche, cet assemblage ne s’entend pas pour gouvernere­t les 229 sièges d’Ensemble et de la droite sont pris en étau entre le RN et le NFP. Sauf à débaucher les socialiste­s du NFP…

D’où la lettre de Lucie Castets aux parlementa­ires qui veut démontrer que le NFP reste un bloc solide. Consciente de son absence de majorité, l’éventuelle première ministre assure vouloir une « évolution de nos pratiques parlementa­ires » et propose d’associer les groupes parlementa­ires à l’élaboratio­n des projets de loi « en amont » de leur présentati­on en conseil des ministres.

Tous conviennen­t qu’ils doivent travailler ensemble. Mais sur quelle base ? Axées sur l’augmentati­on des salaires ou l’abrogation de la réforme des retraites, les propositio­ns de Lucie Castets restent fortement basées sur le programme du NFP. Inacceptab­le tant pour la droite que pour le centre pour qui la politique de l’offre reste un fondamenta­l…

Pour sortir du blocage, Gabriel Attal reconnaît que chacun doit « sortir de son couloir de nage ». Estimant qu’il faut placer le « quoi » avant le « qui » , il propose un « pacte d’action pour les Français », autour de cinq pistes prioritair­es: rétablisse­ment des comptes publics et renforceme­nt de la « souveraine­té économique », défense de la laïcité et des institutio­ns, pouvoir d’achat, logement et travail, environnem­ent, sécurité et services publics…

Sur le papier, ces points pourraient rejoindre ce que propose Lucie Castets qui souligne, elle, la nécessité de « rétablir une fiscalité juste qui permette de financer nos services publics, le pouvoir d’achat et la transition écologique tout en évitant de creuser la dette grâce à une hausse des ressources fiscales concentrée sur les foyers les plus aisés, les multinatio­nales et la lutte renforcée contre la fraude et l’évasion fiscale ».

De là à arriver un accord ? Le MoDem comme les Verts ont déjà prudemment décliné l’invitation d’Horizons à se réunir pour définir les «priorités et programmes d’action pour une majorité d’urgence nationale ». Car si des objectifs résumés en une phrase peuvent sembler se rejoindre, les manières d’y arriver apparaisse­nt encore trop divergente­s. Alors que le budget devrait être présenté d’ici deux à trois semaines au Conseil d’État et au Haut Conseil des finances publiques, quelques phrases jetées sur le papier sont bien loin de faire un programme de gouverneme­nt.

Emmanuel Macron avait fixé à « mi-août » l’horizon pour la nomination d’un premier ministre, demandant aux partis de s’entendre et de faire des propositio­ns.

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