Les raisons de l’abstention du maire du Ménil-Erreux lors du vote du budget
MÉNIL-ERREUX. Il est pour le moins inhabituel qu’un maire s’abstienne lors du vote du budget de sa commune. Jérôme Larchevêque, le premier édile de Ménil-Erreux, a voulu marquer le coup et s’en explique.
Quelles sont les raisons de votre abstention lors du vote du budget primitif pour 2024 ?
« Mon abstention est une décision mûrement réfléchie, influencée principalement par deux événements récents.
D’abord, nous avons dû abandonner notre projet de transformation de l’ancien presbytère en habitat inclusif, un projet pour lequel nous avons travaillé dur pendant quatre ans (les élus dénoncent un manque de soutien de la part de l’État, ndlr). Cette décision a été très décevante pour moi et notre équipe.
Ensuite, le changement de notre statut en zone de revitalisation rurale, qui a des implications financières et sociales importantes pour notre commune, a été la goutte d’eau qui a provoqué mon abstention. »
Comment ce déclassement affecte-t-il concrètement la commune ?
« Le déclassement nous exclut du nouveau dispositif France Ruralités Revitalisation (FRR), ce qui signifie une perte significative de soutien financier et des incitations fiscales.
Concrètement, cela se traduit par une réduction de la dotation de solidarité rurale et la fin des exonérations d’impôts et de charges sociales pour les nouveaux entrepreneurs. Cela risque d’engendrer une distorsion de concurrence et d’affecter directement l’emploi sur notre territoire, où plus de cinquante emplois dépendent directement de ces aides. »
Quelles actions envisagez-vous face à cette situation ?
« Nous avons déjà sollicité un moratoire auprès du préfet. Mais au-delà de ce seul point, il est crucial de recréer un climat de confiance entre l’État et les collectivités territoriales.
Nous devons également repenser notre territoire en envisageant des communes nouvelles et en révisant les territoires des intercommunalités. Il est également essentiel de redonner aux parlementaires la possibilité d’avoir un mandat de proximité. »
Vous aviez déjà évoqué une crise de représentation à l’horizon 2026. Quel est votre sentiment à ce sujet ?
« En effet, le sentiment de désillusion est palpable chez de nombreux maires de notre Communauté urbaine, avec environ 80 % d’entre eux qui ne souhaitent pas se représenter.
Si aucune mesure n’est prise, nous risquons de voir un affaiblissement significatif des pouvoirs locaux et une érosion de la vie démocratique dans nos communes rurales. C’est un sujet qui requiert une attention urgente et sérieuse. »