L'Orne Hebdo

« Les gens continuent de mourir dans la rue »

- N.L.

Les bénévoles et les compagnons d’Emmaüs ont commémoré les 70 ans de l’appel de l’Abbé Pierre, samedi 3 février sur le marché d’Alençon.

Pascal, compagnon et chef de cuisine improvisé, a proposé de la soupe de légumes aux passants. Une façon conviviale d’évoquer les problémati­ques liées à la pauvreté en général et au logement en particulie­r.

« Moi, je suis arrivé à Alençon en 2017, mais cela fait longtemps que j’ai rejoint Emmaüs. Depuis 2001 au moins et c’était en Bretagne. »

Originaire du Havre, ce retraité de 68 ans n’imagine plus sa vie sans les compagnons. « Vivre seul dans un appartemen­t ? Impossible. Ici, j’ai trouvé une famille. On réalise ensemble un travail solidaire et je me sens utile. »

« Rien n’a changé »

Au sein de la communauté, il travaille en cuisine avec un autre compagnon. « On nourrit une trentaine de personnes en moyenne, le midi et le soir. »

Il le confie sans honte : Emmaüs lui a donné le courage d’arrêter l’alcool et tout récemment le tabac. «Je me sens mieux et je veux que ça dure ainsi. »

Emmaüs accueille actuelleme­nt 30 hommes et femmes et cinq enfants, avec l’aide d’une vingtaine de bénévoles et trois salariés, dont Aurore Quérel et Stéfania Crotti, coresponsa­bles.

Gérard Thibervill­e, lui, est le président de l’associatio­n depuis 2021. Il est également maraudeur pour La Croix-Rouge. Une double casquette qui lui permet de porte un regard global sur les problémati­ques des sansabris. «C’est l’accueil inconditio­nnel qui m’a séduit chez Emmaüs », déclare le président. « Les besoins sont toujours bien présents. À Alençon, en début d’année, une femme est morte dans la rue, la nuit. L’appel de l’Abbé Pierre est malheureus­ement toujours d’actualité. »

À ses yeux, rien n’a changé et le mal-logement reste un fléau. « La pauvreté n’est pas que dans la rue. Les squats, les logements aléatoires, mais aussi l’insalubrit­é sont une réalité. »

En France, 7 000 compagnons sont soutenus par Emmaüs, «sans la structure, on aurait 7 000 personnes de plus à la rue. »

À ses côtés, Jacques Watteau, coprésiden­t de SOS Familles, acquiesce. L’associatio­n solidaire travaille main dans la main avec Emmaüs, en venant en aide aux personnes isolées et les familles en difficulté. Afin d’éviter à ces personnes de « tomber » dans la rue.

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Gérard Thibervill­e, président d’Emmaüs Alençon, et Jacques Watteau, co-président de SOS Familles.

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