Olivier Ripaux, un taiseux métamorphosé en brute
Né à Argentan en février 1970, Olivier Ripaux a passé « une enfance heureuse, normale », dans la ferme familiale. Second fils d’une fratrie de trois enfants, il a un frère de trois ans son aîné et un cadet de sept ans, a connu une scolarité sans problème jusqu’au collège, puis a débuté un apprentissage en charcuterie, avorté après le décès accidentel de son patron.
Père effacé et maman poule
Son père travaillait beaucoup. « On ne passait du temps ensemble que le dimanche. Il nous emmenait au foot. » L’agriculteur retraité est aujourd’hui en Ehpad, diminué par plusieurs AVC. Sa mère, venue témoigner, se décrit comme
« une maman poule », proche de son fils et toujours attentionnée à son endroit. L’accusé, pour autant, dit ne pas se souvenir d’avoir reçu beaucoup de marques d’affection.
De l’avis général, Olivier Ripaux est quelqu’un de taiseux, plutôt discret. Sauf lorsqu’il boit.
Cinq enfants de deux unions
Le quinquagénaire est aujourd’hui père de cinq enfants. Trois d’une première union qui s’est mal terminée. Son premier fils et ses deux filles avaient alors été placés en foyer.
Avec la femme qui est aujourd’hui face à lui sur le banc des victimes, il a eu deux fils.
Olivier Ripaux dit avoir toujours travaillé, en avoir besoin. D’abord dans la restauration lors des saisons pour lui laisser du temps afin d’aider son père sur l’exploitation familiale, puis chez un équipementier automobile ornais jusqu’en 2012, date à laquelle un ennui de santé l’a éloigné de l’usine.
Éleveur au Sénégal
Il est parti sur un coup de tête au Sénégal, pour y rejoindre une femme rencontrée sur Internet.
Finalement ça n’a pas marché, mais il a rencontré celle qui allait devenir sa femme. En Afrique, il se lance dans une activité d’élevage de volailles, mais son entreprise bat de l’aile. Sa mère le perfuse financièrement, mais finit par lui dire qu’elle ne peut plus éponger ses dettes et qu’il doit rentrer en France.
L’éleveur revient alors avec sa femme sénégalaise, épousée en janvier 2015, ainsi que leur fils. Ils s’installent pour 18 mois chez ses parents. Lui trouve un travail dans un abattoir.
Puis le couple déménage pour se rapprocher de son activité. Son épouse est elle aussi embauchée dans l’abattoir. En 2018, naît leur second fils. C’est à ce ce moment qu’Olivier Ripaux a replonge dans l’alcool.
Les démons d’Olivier Ripaux
A travers les différents témoignages et les expertises, il apparait qu’Olivier Ripaux présente une personnalité psychiquement fragile et qui cache des démons : l’alcool, le jeu et la jalousie.
Il a commencé à boire très tôt « vers l’âge de
14 ou 15 ans », précise son petit frère, âgé de 47 ans. Ils partageaient alors la même chambre. « Je le voyais parfois alcoolisé et ça le changeait énormément. »
Le cadet décrit l’accusé comme quelqu’un de très protecteur avec lui et qui partageait des plaisirs simples avec son père et ses frères : chasse, pétanque et champs de course.
Son frère aîné, 57 ans et surveillant pénitentiaire, a lui aussi témoigné. Il a coupé les ponts avec sa famille il y a 30 ans, à cause du comportement d’Olivier Ripaux. « On ne s’est pas vus
depuis 1994. » Il décrit un frangin très agressif et « bagarreur quand il avait bu », raconte le jour où l’accusé, alcoolisé, avait débarqué avec un fusil à un mariage... « Une autre fois, il a menacé mon épouse. J’ai alors arrêter de les voir pour éviter les problèmes. J’avais peur pour ma femme, pour mes enfants. »
Son rapport à l’alcool a aussi marqué le casier judiciaire d’Olivier Ripaux, condamné à deux reprises pour des faits de conduite sous l’empire d’un état alcoolique, la seconde fois en récidive.
L’aînée de ses deux filles, une auto-entrepreneuse de 27 ans, a accueilli quelques mois son père à sa sortie de détention préventive. Leurs liens sont ténus mais elle voulait l’aider. Le séjour paternel s’est bien passé, mais la présidente a tout de même demandé à la témoin de revenir sur un fait : « C’était en mai 2023. Il avait essayé de m’appeler plusieurs fois mais je ne pouvais pas répondre. J’étais à notre club de pétanque... Il est arrivé ivre. J’ai eu honte. J’ai tout fait pour l’éloigner. » Sur le fait que son père s’est mieux occupé d’eux que leur mère lorsqu’ils étaient enfants, elle nuance. « Oui, il ne nous a jamais frappés. Mais il pouvait se montrer agressif verbalement. Il nous sortait de temps en temps, pour l’accompagner dans ses loisirs, sur les champs de courses. »
Après l’AVC du père, le cadet de la fratrie a vérifié les comptes de ses parents et constaté qu’il n’y avait plus rien.
« Je suis tombé des nues. Mais je n’ai pas cherché à savoir comment l’argent avait disparu. Ma mère est très généreuse. Elle peut tout donner… »
« Quelqu’un de très jaloux »
Le frère cadet embraie sur la jalousie. « Quand j’ai appris qu’il se mariait en Afrique et revenait avec sa femme, je lui ai déconseillé de le faire. C’est quelqu’un de très jaloux. Je savais que, si elle le quittait, il allait reprendre l’alcool et le reste. »
À la naissance du second fils de leur union, Olivier Ripaux a accusé sa femme de l’avoir trompé. « Le bébé était plus noir que son frère », avance-t-il.
« L’alcool ça m’a détruit »
Face à la cour, l’accusé se désole de sa relation avec l’alcool. « Le problème c’est que, quand j’ai bu, je ne suis pas moi-même. Ce qui m’a toujours manqué, c’est que je n’ai jamais eu le courage de me faire soigner. L’alcool ça m’a détruit. » Du tac au tac, la présidente Veillard répond : « Pas que vous, ça a détruit vos proches aussi. »
❝ Il jouait beaucoup. Il a bouffé sa vie avec le PMU…
LE PETIT FRÈRE DE L’ACCUSÉ ❝ Lorsqu’il avait bu c’était une de boule de nerf. C’était très impressionnant.
LE FRÈRE CADET D’OLIVIER RIPAUX