ESPRIT DE JUSTICE
LÉON BLUM, UNE VIE HÉROÏQUE
Série documentaire de Philippe Collin et Florence Platarets (2024). 4 x 45 min.
« Le socialisme est né de la conscience de l’égalité naturelle, alors que la société où nous vivons est tout entière fondée sur le privilège. » Le 20 janvier 1930, Léon Blum livrait sa vision de l’humanisme et de la politique pour « la Voix des nôtres », un projet de mémoire phonographique socialiste. Le premier enregistrement sonore de cette figure de la gauche républicaine fait partie des nombreuses archives exhumées dans cette excellente série documentaire, adaptation pour le petit écran du non moins excellent podcast France Inter de Philippe Collin. Grâce à des séquences d’animation très réussies et à des lectures sensibles par les comédiens Charles Berling et Bérengère Warluzel, la réalisatrice Florence Platarets donne corps à cet ambitieux projet. Le premier épisode, « la Naissance d’un leader », revient sur les jeunes années du futur instigateur du Front populaire. Né en 1872 à Paris, issu d’un milieu juif alsacien traditionnel, Blum est élevé selon le principe de la Tsedaka, l’un des piliers fondateurs du judaïsme, comme le rappelle l’historien Ilan Greilsammer : « Faire que le riche soit moins riche et le pauvre moins pauvre. » Un sens du partage et de la justice qui le guidera toute sa vie. Modèle de la méritocratie républicaine, le jeune Léon intègre l’Ecole normale supérieure à 18 ans mais ne s’y plaît pas. « Tu vas devenir un fruit sec », le nargue son ami André Gide, qui connaît son attrait pour l’écriture. Blum quitte l’ENS pour se consacrer à la rédaction de textes et de poèmes, bientôt publiés dans « la Revue blanche », journal de tendance anarchiste qui compte parmi ses collaborateurs les grands artistes de l’époque : Pierre Bonnard et Henri de Toulouse-Lautrec en sont les illustrateurs, Claude Debussy, Alfred Jarry et Alphonse Allais y livrent des chroniques. C’est un tournant pour Blum, qui devient l’une des personnalités en vue de la vie mondaine et culturelle de ce qu’on appellera la Belle Epoque. Autre fait notable de sa jeunesse, l’affaire Dreyfus, qui marque sa première prise de position politique et engendre une rencontre fondamentale : celle de Jean Jaurès, qui restera pour lui le père spirituel auquel il doit sa « foi socialiste »…