L'Obs

Une couronne pour miss de Baecque

- Nedjma Van Egmond

Tenir debout, de et avec Suzanne de Baecque, Théâtre du Rond-Point, Paris-8e. Du 18 septembre au 6 octobre.

« Si tu rates le concours d’entrée aux écoles de théâtre, tu pourras toujours tenter celui de Miss France », lui avait glissé son beau-père, comme une aimable boutade. Des années plus tard, alors qu’elle achève sa dernière année à l’Ecole du Nord à Lille, Suzanne de Baecque l’a pris au mot et s’est lancée dans la course à la couronne de Miss Poitou-Charentes. L’idée a jailli en plein confinemen­t, en 2020. En guise de projet de fin d’études – dont la consigne était l’immersion dans un milieu donné, quelque part en France – elle décide d’observer cette drôle de fabrique de princesses à diadème et écharpe. L’autrice et comédienne de « Tenir debout » apprend à sourire, à défiler, à danser, à se tenir, et à attirer à elle les regards. L’expérience tient à la fois de l’épreuve athlétique et de la séance de dressage. Elle interroge la représenta­tion des corps autant que les motivation­s des postulante­s, que Suzanne de Baecque a interviewé­es et dont elle restitue pour partie la parole et les parcours chahutés. Sous les paillettes et le rêve, la soif d’émancipati­on, le mépris de classe, la solitude. La longue brune aux yeux clairs, vis comica notable et silhouette dégingandé­e qui n’entre pas dans le moule, affiche une gaucherie attachante. Son premier opus, réjouissan­t fatras, tient tour à tour de la comédie burlesque et de l’étude documentai­re et révèle une artiste qu’on n’a pas fini de voir briller.

 ?? ?? ↑ Suzanne de Baecque et Raphaëlle Rousseau, dans « Tenir debout », une comédie réjouissan­te.
↑ Suzanne de Baecque et Raphaëlle Rousseau, dans « Tenir debout », une comédie réjouissan­te.

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