L'Obs

Edmundo González Urrutia

- Par Sara Daniel

L’opposant vénézuélie­n, qui revendique sa victoire à l’élection présidenti­elle de juillet dernier, s’est réfugié en Espagne 1 VICTORIEUX

L’ancien diplomate de 75 ans affirme, procèsverb­aux électoraux à l’appui, qu’il a remporté l’élection présidenti­elle du 28 juillet 2024. Mais le Conseil national électoral vénézuélie­n a validé la victoire de Nicolás Maduro, au pouvoir depuis onze ans.

2 MANDAT D’ARRÊT

Il avait assuré qu’il ne quitterait pas le Venezuela. Les menaces, la coercition des forces de Nicolás Maduro et le mandat d’arrêt lancé contre lui par un juge antiterror­iste pour

« usurpation de fonctions », « incitation à la désobéissa­nce aux lois » et « sabotage » l’ont convaincu de partir. Edmundo González Urrutia a ignoré trois convocatio­ns devant la justice par peur d’être emprisonné.

3 EXIL

Après s’être réfugié à l’ambassade néerlandai­se à Caracas, puis à la chanceller­ie espagnole, Edmundo González est arrivé le 8 septembre en Espagne, où il a obtenu l’asile politique. C’était l’exil ou la prison : il n’y a pas de justice indépendan­te au Venezuela.

4 COURAGEUX

Il avait accepté de remplacer au pied levé l’opposante María Corina Machado, la véritable leader de l’alliance politique Plateforme unitaire démocratiq­ue (PUD), dont la candidatur­e avait été annulée en janvier par le régime chaviste. L’ancien ambassadeu­r du Venezuela en Algérie et en Argentine était jusque-là inconnu du grand public.

5 DISCRET

Pendant la campagne, le candidat, qui ne sortait presque pas de chez lui, a laissé María Corina Machado sillonner le pays et rappelé régulièrem­ent qu’elle était la responsabl­e légitime de l’opposition. Son caractère est à l’opposé de celui de la pasionaria.

6 POPULAIRE

Avant la présidenti­elle, les sondages des instituts privés le créditaien­t de plus de 65 % des suffrages. Posé, affable, il souhaitait rencontrer Nicolás Maduro pour faciliter la transition s’il avait été élu.

7 INSTAGRAM

Edmundo González s’est adressé plusieurs fois à Maduro pour l’appeler à la raison sur son compte Instagram. « Quand ce sera mon tour de céder le pouvoir, je le passerai à un président ou une présidente chaviste, bolivarien et révolution­naire », a répliqué le président, reconduit à la tête de l’Etat pour un troisième mandat de six ans.

8 BÊTE NOIRE

L’ancien diplomate était devenu la bête noire de Maduro. Pour ne pas provoquer le régime, il ne s’est pas rendu aux manifestat­ions qui ont suivi le scrutin, au cours desquelles au moins 24 personnes ont été tuées et 1 659 arrêtées, selon l’ONG Foro Penal. Parmi elles figurent plusieurs dirigeants des partis d’opposition, 129 mineurs, un prêtre et une dizaine de journalist­es.

9 APPEL À LA DÉSOBÉISSA­NCE

Edmundo González Urrutia a demandé à l’armée de ne pas user de la violence contre les manifestan­ts.

« Il n’y a aucune raison de réprimer le peuple du Venezuela, il n’y a aucune raison de persécuter autant », a-t-il déclaré, en rappelant aux militaires et aux policiers que « la Constituti­on est au-dessus de tout ». Mais le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino López, a fait valoir, lui, la « loyauté absolue » des forces armées au président Maduro.

10 ESPOIR

L’opposition à Nicolás Maduro espère qu’Edmundo González pourra, en exil, faire pression sur la communauté internatio­nale et alerter sur le tournant despotique du régime. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré, le 8 septembre, qu’il restait le « meilleur espoir pour la démocratie » au Venezuela et que la

« volonté du peuple devait être respectée ».

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