ÉTERNEL RECOMMENCEMENT
1924, LE PARIS DES JEUX OLYMPIQUES
Documentaire de Marie-Laurence Rincé (2024). 1h20.
21h00 PUBLIC SÉNAT
Refus de la mairie d’allouer des subventions pour construire un nouveau stade, flambée du prix des chambres d’hôtel, du billet de train pour la banlieue (multiplié par trois) et des places pour les diverses épreuves (jusqu’à 50 francs de l’époque, soient 5 200 euros d’aujourd’hui)… Le temps ne fait rien à l’affaire : un siècle plus tard, les défis de toutes sortes auxquels se confrontent les organisateurs des JO 2024 ressemblent pour beaucoup à ceux de 1924, rappelle ce documentaire foisonnant d’infos. Mais ces Jeux, dont la candidature a été arrachée par Pierre de Coubertin à Los Angeles, apportent aussi un nouveau souffle à une France encore marquée par les pertes démographiques de la Grande Guerre – 1,5 million de morts, dont de nombreux sportifs, comme le coureur de fond Jean Bouin. Le 5 juillet, le président Gaston Doumergue ouvre cette septième édition des jeux Olympiques d’été au stade de Colombes, couverte par des centaines de journalistes venus du monde entier. Lesquels participent à la nouvelle pipolisation des sportifs, à l’instar du traitement réservé aux coureurs de fond britanniques Harold Abrahams et Eric Liddell (les futurs personnages des « Chariots de feu », film oscarisé en 1982), au nageur Johnny Weissmuller (qui deviendra Tarzan à Hollywood), ou encore à la tenniswoman Suzanne Lenglen, génie du coup droit et influenceuse de mode.
Critiqués en amont mais couronnés de succès, ces Jeux entérinent la grande effervescence intellectuelle des Années folles – en 1924, les arts sont considérés comme une discipline olympique. Troisième nation derrière les Etats-Unis et la Finlande, la France remporte 38 médailles dont 13 d’or. Seule ombre au tableau, la place famélique accordée aux femmes. Elles sont seulement 135 sur plus de 3 000 athlètes et n’ont accès qu’à quelques disciplines. La faute à Pierre de Coubertin, opposé à leur participation active pour, disait-il, préserver « leur féminité et leur fécondité ». Son machisme revendiqué avait, deux ans plus tôt, incité la pionnière Alice Milliat à lancer les premiers Jeux féminins, provoquant l’ire du comité olympique et de la presse conservatrice.